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DEMOCRITE, atomiste dérouté
12 juin 2007

Haine du corps ?

 

09 octobre 2003

Démocrite le rieur à Hérodote le voyageur, Salut                                          

 

    Tes derniers mots m'impressionnent, je l'avoue. Comment en effet ne pas rêver de telles agapes où le corps peut enfin prendre sa dimension. Malheureusement, je crains que notre quotidien ait une allure moins enthousiasmante et quelque peu différente...

Quand pourrons-nous sans crainte nous adonner à ces pratiques hautement dionysiaques ? Je ne sais quoi te répondre. Ne sommes-nous pas condamnés à verser des larmes de désolation sur l'incapacité du siècle "à jouir et faire jouir" (Chamfort) ? Il y a, en ces temps obscurs, une sourde menace qui transforme le plaisir et la volupté en sacrifice et rentabilité. Mais au-delà de ces humeurs nocturnes, je constate combien les femmes d'aujourd'hui (du moins celles que je suis amené à croiser) restent absorbées dans les rôles sociaux imposés par l'époque. Le véritable plaisir est méprisé par les actuelles conventions et se dénature en narcissisme conquérant et stérile. Je crains que derrière l'apparent culte du corps ne se dessine une véritable haine de soi, de la sensibilté et des rencontres créatrices. Je me sens un peu accablé par ces modèles. Il m'arrive même d'envier la fougue excentrique d'un Diogène ou de songer avec une certaine nostalgie aux douces caresses de la belle Sapho, notre maîtresse à nous autres, jouisseurs d'éternité. Que deviendrait de nos jours, l'homme qui, refusant toutes conventions, se livrerait tel notre Chien (Diogène) à ces pratiques masturbatoires publiques. Il ne fait aucun doute à mes yeux que son châtiment serait terrible et son existence définitivement compromise par la haine du corps que promeut paradoxalement notre temps.

J'entends ici ou là parler ces hommes de pouvoir, ceux-la même qui défont le vénérable loisir (scholé) au profit des pires servitudes de l'esprit. Un certain d'Arcos entend réhabiliter les tuniques d'antan pour anémier un peu plus le corps et en masquer toute la singularité. Ils évoquent avec une audace folle le fin de la mixité et du mélange, arguant que c'est là un progrès enviable. Au corps cloisonné et meurtri s'ajoute la terreur des frontières et des murs que nous dressons entre nos sexes.

 

Cher Hérodote, notre monde est bien triste et ce fantasme du même et de l'identique dissimule à peine toutes les misères et les violences à venir. Ces fous ne comprennent rien à l'impermanence et aux tourbillons de la nature. Ce mépris des atomes annonce bien des catastrophes. Ce monde a besoin de nous pour que la lumière grecque irradie de son flambeau d'argent les plaines écarlates de l'incompréhension.

Porte-toi bien,

Ton ami, Démocrite le rieur

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Commentaires
D
Oui, et cette unité nécessite d'avoir d'abord le souci de soi qui est tout sauf l'égoisme brut.
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T
J'adhère!! "L'homme est né pour la joie, la joie est fondée sur le corps, sur l'unité de la conscience et de la chair"
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