Estaubé, le cirque en mineur
Estaubé, Hautes-Pyrénées, Juillet 1995, Démocrite
Alors que le septentrion peine à se défaire de ses miasmes nébuleux, qu'à proximité de la ville de Roubaix, des habitants ont dû quitter les lieux pour cause de gaz putride plaqué au sol par la pollution aérienne, je décide de poursuivre mon aventure pyrénéenne, histoire de prendre l'air en attendant des jours meilleurs. Après la balade dans le cirque majeur de Gavarnie, me voici du côté de son jeune frère méconnu, aux indéniables blandices : Estaubé ou le cirque en mineur.
Moins couru, plus discret que ses tumultueux voisins, Estaubé est un autre passage vers l'Aragon. Au fond à gauche, c'est l'incroyable vallée de Pinèta, et ses eaux bleues. Mais, derrière ces hautes falaises, ce cirque fabuleux dissimule un autre joyau, un trésor d'altitude. C'est la brèche de Tuquerouye qu'il nous faut emprunter pour découvrir les immensités aériennes du lac glacé, blotti sous l'immense Monte Perdido (3355 m) et ses glaciers suspendus. Tuquerouye, j'en ai rêvé des nuits entières ! L'incroyable couloir redressé à plus de 45° qui se livre là, déchirant la montagne et le roc en deux. Le passage est visible, en haut à droite, dans les névés de cet été ancien.
Tuquerouye ! C'est par là que les premiers pyrénéistes découvrirent ce qu'ils croyaient être le plus haut sommet des Pyrénées, le Mont Perdu. C'est par là qu'ils ouvraient une nouvelle voie d'accès au coeur palpitant du massif.
Le Canyon de Niscle et le Mont Perdu, Aragon, Août 1996, Démocrite