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DEMOCRITE, atomiste dérouté
4 juillet 2010

Quelques perles

Après les fastidieues corrections  des épreuves écrites du baccalauréat, je ne résiste pas au désir de partager quelques perles péchées dans les copies de philosophie. Que nul ne voit dans cette démarche un esprit chagrin ou moqueur mais juste le plaisir de découvrir une inventivité surprenante de la part de ceux qui planchent et qui, sous la pression, sont amenés à "perdre le contrôle" de leur pensée ou à oublier seulement de penser. Comme le dit Confucius, "la joie est en toutes choses, il faut savoir l'extraire". Ici, nous assistons à de joyeuses dérivations, à l'apparition soudaine d'un clinamen atomique et verbal au milieu de la pesanteur grégaire des opinions molles.

- Une vérité qui nuit à autrui est dangereuse. Prenons l'exemple de la gravité terrestre : grâce à la réalisation d'expériences, il est scientifiquement prouvé et donc vrai qu'il ne faut pas tomber de trop haut. Le risque étant la mort. La gravité étant dangereuse, Newton n'aurait pas dû faire ses recherches.

- La moralité est-elle ancrée dans notre esprit dés notre arrivée sur la planète ?

- Manger des hommes est un acte qui paraît banal aux cannibales tout comme il nous paraît banal de manger du poulet.

- L'homme est un animal à part entière puisqu'il est capable de penser.

-Ma conscience morale me dit de travailler la philosphie avant le bac malgré les bonnes notes de l'année, d'autres me diront que ce n'est pas nécessaire car il ne possèdent pas la même conscience morale que moi.

- Le physicien Copernahic a découvert que la terre n'était pas plate.

-Certaines idées peuvent chocer l'opinion publique. (choquer ou chausser, allez savoir !)

-Il est évident que l'homme est passif devant la morale commune, c'est pourquoi Durkheim dénonce le passifisme des individus. (il faut faire la guerre à la morale commune !)

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Commentaires
P
J'aimerais partager vos enthousiasmes respectifs, l'a-philosophie et l'ek-sistence tournée vers l'extase mais je crains que nous soyons à des années lumières de ces formes de révolutions mentales que vous suggérez. Il suffit de regarder froidement le climat politico-médiatique, le fonctionnement utilitariste de la science, la pression exercée constamment sur l'intelligence pour douter de ces révolutions positives. Je crains que nous ne nous dirigions vers un populisme croissant voire de nouveaux fascismes mous. Lorsque la jeunesse ne dispose pas des outils pour affronter le monde contemporain, il y a de quoi s'inquiétéer quant aux mouvements de masse ou aux révolutions à venir.
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M
Quelle emphase cher GK , la chute est belle également merci ! Ce concept d’a-philosophie trouve quelques échos dans mon esprit avec quelque chose d'approchant, comme celle d’une forme de résistance remarquée et remarquable embarquée dans le courant phénoménologique. Une voie possible ou probable pour échapper à ce mouvement et cadence infernale dans laquelle se meut l’homo faber et l’homo laborans : circularité et antériorité inextricables du sujet fondateur et fondé. <br /> Il s’agit donc de pouvoir s’arracher à ce mode d’exister inauthentique, celui de la préoccupation (besorgen) dans laquelle se tient tout un chacun .De fait,la condition de l’homme moderne ne peut se résumer à cet être-sous-la-main (Vorhanden), façonnable, maniable et manipulable à souhait perdu dans cette déréliction. Elle doit davantage se définir comme une connaissance et présence de l’être à soi dans sa forme la plus authentique. L’essence extatique de l’homme ne repose t- elle pas dans l’ek-sistence, dans cette ouverture à soi de l’être où le Dasein se tient toujours au plus près de son être ,d'ores et déjà jeté dans le monde et nécessairement en pro-jet ? Un champ des possibles alors s’ouvrira à lui comme autant de virtualités,de potentialités et d’actes libres résolument choisis.
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G
Retirement de la pensée, ou soutirement? Il s'agit bien de soutirer au corps social la totalité de son énergie pour la plier aux exigences du sur-travail et de la sur-consommation, de manière à évider toute possibilité de création spontanée, laquelle se voit réduite à suivre les codes et les sillons laborieux de la productivité collective. L'heure est à une résistance d'un nouveau genre, dont les modalités sont encore à inventer, mais dont les prémisses "frémissent" dans les iniatives incontrôlées de mouvement spontanés, et ça et là dans les émergenges culturelles. La décadence présente annonce peut-être une révolution mentale inédite et inouïe, chaque jour plus pressante et indispensable. L'a-philosophie a de l'avenir!
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M
Cher Démocrite, tu pointes là le mal récurrent de notre société contemporaine avec ce siècle des « mal -appris », pour jouer quelque peu avec le titre d’un ouvrage d’un certain homme politique et homme de lettres. Le savoir aujourd’hui dispensé, déversé n’est plus qu’une monstrueuse accumulation de contenus. <br /> Sa norme ? Produire l’illusion du « gagnant- gagnant » avec des pourcentages obligatoires de réussite à l’appui exigés par ces hautes éminences grises censées administrer nos belles institutions du savoir. L’enseignement de la philosophie évidemment dérange : terrible contre pouvoir de la pensée tout faite, distillée çà et là par nos puissants édiles et autres magistrats. <br /> Au diable le développement de l’esprit critique ou de l’attitude théorétique ! Pas d’insolence je vous prie ! Bienvenue au mode de la praxis et de l’agir strictement utilitariste, là tout est douceur, indolence et atrophie de la pensée. Il faut bien le reconnaître,ce retirement de la pensée est on ne peut plus inquiétant, il est même ce qui donne proprement le plus à penser. Qui sait ? « Ce retirement » fera peut-être aussi l’objet pour un esprit curieux d'un dévoilement singulier où séjourne une forme d’aperception encore inédite de l’être.
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D
Le problème est lié à la structure de l'institution scolaire et à ses motivations cachées (que j'ai longuement analysées sur Clinamen). Le baccalauréat est un examen de docilité dont l'enjeu véritable est de conforter la sécurité collective dans un acte qui relève du donnant-donnant. Vous vous tenez globalement tranquille, en échange de quoi, vous obtiendrez le diplôme.<br /> L'acte philosophique est aux antipodes de cette logique utilitariste ; on comprend pourquoi il déconcerte. Demander à quelqu'un de penser en son nom propre est hautement difficile ; comment penser singulièrement avec les mots des autres ? Le ratage est dans l'organisation institutionnelle de la fuite de la pensée non dans l'esprit des élèves. En ce sens, ils ne sont pas nécessairement des cancres mais au contraire des "adaptés" au point que l'enseignement philosophique ne le soit plus (adapté) ou pas, car c'est dans la nature même de la philosophie de penser la distanciation vis-à-vis de l'époque et de ses normes.
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V
Ou bien ces jeunes sont des cancres, ou bien leurs "réponses" présentes (au fait, quels étaient les sujets correspondants ?) sont une tentative désespérée de RE-CITER quelque auteur ou D'IMITER une façon de dire, toutes deux apprises dans des LECONS. C'est dire dans quelle situation de TORTURE ils se placent, alors qu'il leur est simplement demandé (si j'ai bien compris l'intention) de penser à l'aide des connaissances qu'ils ont pu acquérir. C'est raté. <br /> <br /> Peut-être serait-il instructif de les interroger encore, mais cette fois en "off" : quitte à dire des âneries, elles leur ressembleraient davantage. Mais au moins ils penseraient cette fois ce qu'ils disent.
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D
Il y a évidemment le risque de basculer dans un nihilisme à partir du moment où on constate un effondrement du symbolique et l'irruption d'un non sens manifeste associé à un délitement de la pensée. Je ne sais pas s'il faut ici généraliser à partir de ces quelques cas plutôt drôlatiques, à mon sens. J'ai eu tout de même la chance de lire quelques vraies copies de philosophie, au moins 5 sur 120 dont une qui a obtenu 19/20. Cela fait peu au total mais cela permet de ne pas sombrer dans un désespoir sans retour.
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M
Karl Jaspers disait en substance, que « philosopher c’est être en route et que l’essentiel sont les questions et non pas les réponses » abordées dans telle ou telle problématique. Ces petites perles affichées çà et là, cher Démocrite, montrent un désaveu de la pensée et une déroute certaine de la simple faculté de juger. L’expression même d’une idée, devient pour ces post adolescents un véritable acte de gageure, une activité difficile à laquelle il faut nécessairement réapprendre à s’exercer au risque de devenir un peuple d’aphasiques ou à l’inverse logorrhéique. <br /> La brèche est donc ouverte, scission et transition vers des modalités d’être surprenantes avec des échanges dits, injustement ou justement encore « interlocutoires » qui se détachent de toute logique traditionnelle. <br /> Serait-ce un signe de renouveau ? Cette mutation de la raison et de l’entendement nous conduit-elle à un gain ou à une déperdition totale de notre propre logos ? L‘acte de déconstruction, faut-il le préciser, n’est pas nécessairement un acte de destruction, mais là je vous l’accorde volontiers, l’optimisme doit être de mise aujourd'hui!
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D
Toutes les perles ne se valent pas, je le concède ; certaines brillent plus que d'autres
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B
la première est une vraie perle, en effet! :)
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