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DEMOCRITE, atomiste dérouté
7 mars 2011

Amour de la sagesse ? (Suite)

La formule du moraliste (La Rochefoucauld) soumet la sagesse à ce qui peut tout emporter, la fortune ou"le fleuve tempétueux qui ravage tout et inonde les plaines", pour parler comme Machiavel. Demeurant sur le terrain tragique du florentin, j'observe qu'une pratique politique reste possible, sans illusion aucune et sans réserve non plus car "la fortune s'empare de la moitié de nos actions et nous laisse maître de l'autre." Même si je trouve Machiavel encore trop optimiste ici (dans la proportion), je crois néanmoins qu'il est possible de transposer la virtù du politique sur le plan existentiel. La virtù est l'autre nom d'une sagesse tragique reposant sur la conscience aiguë de la dépossession élémentaire qui nous frappe et nous caractérise de surcroît. 

Il nous faut vivre et choisir et préférer et décider quand bien même nous sommes, de toute part, dépossédés par le hasard. Pour le philosophe tragique, il est un art qui est une politique de l'existence et qui fait de la sagesse ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : une pratique du goût, de la sensibilité enivrante, une exploration des puissances cachées du corps délivrées de la tyrannie des idées : sagesse réconciliée avec son étymologie : sapere: goûter (sapidité). La saveur n'est pas illusoire ; en elle gît une incontournable vérité, celle d'un plaisir réel, silencieux et impermanent.

à suivre

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