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DEMOCRITE, atomiste dérouté
20 juillet 2011

Supériorité de l'infidélité

Il est aisé de juger, de conjecturer, de donner à autrui le sentiment qu'on a compris la complexité d'une situation, qu'on évolue dans une posture empathique pleine d'intelligence, de bienveillance et de sens critique. Nombreux sont ceux qui se croient capables de profondeur, de démarche introspective, d'évaluation, de conseils en tout genre. Il est aisé de qualifier et de nommer ce que l'on croit saisir par une sorte de complicité spontanée alors même qu'on est dupé par la force inaperçue de ses motivations souterraines.

D'où parlons-nous en vérité si ce n'est depuis la blessure qui nous ronge et nous travaille, plaie insupportable que nous exorcisons dans la "compréhension" et le jugement que nous portons sur autrui. Nous ne raisonnons, ne pensons et ne condamnons qu'à partir d'un état du corps, d'une chair ravagée par le déchirement originel, contrariée par nos propres faiblesses, sans cesse blessée par l'irruption d'un chaos qui fait loi et qui échappe en tout point à notre saisie.

Pouvez-vous seulement reconnaître qu’il n’y a rien à comprendre et que les mots définitifs que vous prononcez ne sont que des excroissances de votre incompréhension, de votre cécité, de votre mutisme devant les forces de vie, rien que des mécanismes de défense qui prolongent votre étroite idiosyncrasie ?

La seule fidélité valable est celle qui se réclame de la plus haute infidélité, celle qui reconnaît pour elle-même l’extrême supériorité de l’infidélité. Certains esprits, rares, la perçoivent, la plupart reculent devant l’épreuve de leur infidélité respective, devant la tentation inavouée de leurs secrètes impulsions, devant le risque trop grand de vivre par soi-même.

Etre fidèle à l’infidélité revient à dire, « je suis un sans attache, un nomade, une chose errante au milieu des choses qui passent et qui ne font que passer, je suis libre comme le vent et rien n’arrête le vent, surtout pas les mots, pas même les hommes complices, pas même la mort ».

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Commentaires
C
A Sybille > <br /> <br /> Se méfier comme du feu de ce qui 'semble'. <br /> <br /> Est-ce "sibylle" ou "sybille" ? Ou jouez-vous consciemment avec votre pseudo ? <br /> <br /> Quoi qu'il en soit, je dépose sur vos yeux deux sourires amoureux, l'Homme n'ayant rien inventé de plus beau que la poétique de l'Amour. Double sourire.<br /> <br /> Les mots qui sans poids s'envolent sont les plus beaux.<br /> <br /> Se porte-t-on comme on porte un vêtement ?<br /> <br /> Si c'est le cas, disons que je me vais bien. :-)
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T
Mon incompétence me saute aux yeux : je reste dans la marge et ouvre mon parapluie ! Pas pour Sybille, quel beau prénom en vérité ! Celle qui donnait à entendre...
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S
J'ai beaucoup de mal à vous suivre tant votre pensée semble être anarchique et décousue.Juste un bémol, vous dites ne rien comprendre à mon commentaire, j'en prends acte mais je m'étonne en même temps,je vous cite : "Ce sont nos sens et notre présence au monde le véritable..outil" . Bravo Cedric vous pensez presque avec "les concepts Heideggerien". Belle utilisation "des mots des autres"en vérité et ce, à l'insu de votre plein gré semble t-il.Pardon, c'est vrai, faisons table rase du passé, rien de telle qu'une pensée ex-nihilo : félicitations : quel savoir- faire, et surtout faites le savoir !<br /> Portez-vous bien.
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C
A Tante Léonie > <br /> <br /> La vérité est une création de notre conscience, elle consiste en ce que notre propre conscience considère comme vrai. La vérité ne dépend pas d'autrui. <br /> <br /> On peut, par ailleurs, considérer une phrase d'autrui comme vraie, mais c'est alors notre propre lumière intérieure qui se reflète dans les mots de cet autre et pas ces mots qui nous "illuminent". S'ils nous 'touchent' c'est qu'on les avait déjà en soi ; s'ils nous dérangent, c'est que quelque chose n'est pas 'réglé' en soi.<br /> <br /> Quant aux "bavardages enrichissants", que pourrait-il bien être possible d'enrichir ? Il n'y a rien à enrichir, voilà 'la' (toujours lire 'ma') vérité ;-).<br /> <br /> A Démocrite ><br /> <br /> Oui, entre deux consciences, la parole (les mots) est l'outil le plus beau, le plus direct, le plus précis, le plus précieux, le plus élaboré mis à notre disposition ; et je ne me prive pas d'en disposer, ces mots en sont la preuve, mais j'ai toujours à l'esprit qu'on ne peut échanger que ce que l'on a déjà en soi. <br /> La vérité est une création qu'on ne maîtrise pas et qui sans cesse disparait au gré de nos états de conscience, pour finir par totalement disparaitre avec la mort de notre corps, étant bien entendu que c'est le corps qui crée la conscience.<br /> <br /> A Sibylle > <br /> <br /> Vos mots sont pour moi un charabia. Propos, sans jeu de mot, sibyllins. Pourquoi faudrait-il utiliser les mots, les concepts, les idées d'autrui, pour voir avec justesse le monde ? Pourquoi s'appuyer sur les conceptions du monde de penseurs ou de philosophes passés ou présents, fussent-ils illustres ? Les mots des autres ne servent à rien. Ce sont nos sens et notre présence au monde le véritable outil, ne rien retenir des mots passés. Peut-être est-ce radical à vos yeux, mais, pour moi : jeter toute philosophie extérieure à soi, après s'y être intéressé. ( faites-en de même avec mes mots )
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S
Le logos est ce qui manifeste, appelle une chose dans son être. « Le langage est la maison de l’être ».Que reste-t-il à dire ? Rien que ceci : l’avènement ad-vient (Question IV- Temps et être . Heidegger). avec la poésie comme médiation la plus authentique. <br /> Sur la question de la vérité, je préfèrerais m’éloigner de celle, classique » que l’on dit prétendument inhérente au jugement (vérité ontique) pour m’attacher à une vérité beaucoup plus originaire, antéprédicative, ontologique qui ne relève pas de la véracité du discours, mais de celle qui rend possible tout discours comme dévoilement de l’être. Dans ce mouvement ek-statique, l’être se manifeste et s’ouvre comme verbalité (logos), comme être subsistant comme étant toujours le plus proche du rien (approche nihiliste) n’est-il pas VRAI (pour le coup) que le Dasein est toujours déjà assez vieux pour mourir ?
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T
et c'est ainsi qu'une PAROLE claire et précise peut éclairer un magma d'impressions... et donner à Etre !
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D
Merci Cédric et Tante Léonie pour ces interventions.<br /> <br /> "La parole est l'ombre de l'acte" (Démocrite d'Abdère) ; en cela, vous avez évidemment raison (Cédric). Tout ce qui est écrit sur ce blog est en soi insignifiant. Cela ne me pose aucun problème métaphysique et je ne demande à personne d'adhérer à je ne sais quel programme.<br /> En revanche, la parole, à défaut de dire et de signifier, exprime un état du corps, une physiologie plus ou moin affirmative, plus ou moins contrariée avec laquelle opèrent des processus de sympathie, des rencontres, des congruences. C'est à ce niveau que des choses se passent ; le discours, qui n'est pas rien pour autant, reste second.<br /> <br /> Quant à la connaissance de soi ; méfiance ! La formule exacte tout socratique est : "connais-toi toi même et tu connaîtras l'univers et les dieux." <br /> Il ne s'agit pas d'un soi psychologique, d'un soi subjectif mais d'un soi en résonance avec l'univers, la physique, le cosmos ou l'acosmique. Cette connaissance doit mener au réel et non à un moi illusoire et vain. C'est aussi là que les choses se passent.<br /> PS la vérité n'est pas, à mon sens, un discours mais une attitude face au réel.<br /> Amicalement
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T
Multiples sont les chemins qui éloignent du moi et ramènent au soi EN PASSANT PAR AUTRUI. La vérité... quelle vérité ? (pour Cédric !) <br /> Peut-on constater qu'il y a des bavardages plus enrichissants que d'autres, et cela sans la PRETENTION de Vérité ? Voilà que je suis tombée dans le panneau !
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C
La vérité n'est issue que de soi.<br /> <br /> La vérité précède les mots,et n'en a nul besoin.<br /> <br /> Ce que vous pouvez écrire ne restera à jamais que des mots à mes yeux. Idem vous concernant, car si vous prenez ce que j'écris pour la vérité, vous ne seriez qu'un mouton de plus, et je ne serais qu'un gourou ou un prophète de plus.<br /> <br /> La vérité n'est pas partageable, elle envahit le corps sans avoir été invitée.<br /> <br /> En réalité, la vérité est dans chaque corps même quand l'esprit est aveugle.<br /> <br /> J'écris, mû par un 'pourquoi pas', un 'rien à perdre', mais les mots n' 'éclaireront' jamais personne ; on bavarde...c'est tout ce que je me contente de faire.<br /> <br /> Le "connais-toi toi-même" n'est pas faux ; j'ajoute : "connais tout toi-même" <br /> <br /> Bien à vous.<br /> <br /> Cédric.
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T
Je viens d'écouter Don Giovanni version HARNONCOURT : pas d'échappatoires possibles : chacun est rendu à sa solitude première malgré les efforts pour s'accrocher aux diverses croyances pour se sauver, pour être comme tout le monde ! ah ! le "NON" de Don Giovanni...La liberté, le vent : l'idée seule terrorise ! Votre article tombe à pic !
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