Asinité philosophique

"Un âne peut-il être tragique ?...

Périr sous un fardeau que l'on ne peut ni porter,

ni jeter à bas ?...

Cas du philosophe."

             F. Nietzsche (Crépuscule des idoles, Maximes et traits)

Comments

[GUY KARL]

Erreur de ma part : dans le Zarathoutra Nietzsche évoque le chameau. Mais la confusion peut s'excuser en partie : le chameau porte le poids, comme l'âne dans l'aphorisme pré-cité. cela dit l'image de l'âne est bien plus riche que celle du chameau, plus ambivalente, et donne mieux à penser.

[GUY KARL]

On sait que Nietzsche, dans le Zarathoustra, appelle l'âne à se muer d'abord en lion (celui qui peut agir en détruisant) puis en enfant : innocence du devenir et sensibilité artiste. L'âne est un moment, sans doute initial et inévitable.

[Ella]

Bonjour, Démocrite

Cet aphorisme est-il une réaction au qualificatif de penseur "concon" décerné à Nietzsche sur le blog du Philosophe sans qualités ?

[Antigone498]

Ou bien cas de l'âne de Buridan, condamné à mourir lui aussi...

Pourtant si la philosophie ressemblait moins souvent à de la scolastique, et davantage à une ouverture tolérante, toute en finesse, tant d'élèves alors apprendraient avec bonheur, ne craignant plus les gouffres qui les guettent.

Ni carotte, ni bâton pour apprendre: ce sont des leurres qui ne feront jamais avancer en profondeur.

Seules la beauté des idées, des textes, et de merveilleux professeurs sont à l'origine des motivations les plus durables, c'est-à-dire très exactement de celles qui font que nous lisons de la philosophie tout au long d'une vie, tout en restant lucides et modestes quant à l'aboutissement de nos interrogations.

L'important, n'est-ce pas le cheminement?

[Axel]

Philosophes autant que littérateurs aiment à mettre en scène l’équidé aux longues oreilles.

En témoigne par exemple le dialogue mis en scène par Hugo entre un âne et Kant, ce dernier finissant par « adopter définitivement le point de vue de son baudet ».



Il y a aussi l’âne décrit par Guillaume Paoli en introduction de sa savoureuse « Éloge de la démotivation ». De ce point de vue le destin de l’équidé semble effectivement tragique…



Lien vers le passage de l'âne décrit par G.Paoli:

http://aevigiran.over-blog.com/article-guillaume-paoli---eloge-de-la-demotivation-part-1-53725542.html

[Sibylle]

Que devons nous croire au fond ?

Probablement ceci : ce qu’il est rationnel de croire est exactement ce qu’on n’est pas rationnellement obligé de ne pas croire. « L’étude de la vérité est, en un sens, difficile, et, en un autre sens, facile. Ce qui le prouve, c’est que nul ne peut atteindre adéquatement la vérité, ni la manquer tout à la fois".( Aristote Métaphysique Livre II)



Bien à vous,