Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
DEMOCRITE, atomiste dérouté
4 juillet 2013

De l'asinité philosophique (2)

Je propose ici quelques réactions et éclaircissements à la maxime nietzschéenne proposée hier pour donner suite aux excellentes remarques des lecteurs, consultables ici.

 

 

     La métaphore de l'âne est-elle une mise en scène de la croyance ? Oui, mais indirectement. Qu'est-ce qu'un philosophe sinon un âne encombré par son signifiant et faisant l'objet d'une vénération-détestation comme toute croyance (qui coalise des pulsions d'amour et d'agression) et qui, par définition, est privée de référent réel. "Toute croyance est sans objet" note Clément Rosset, et c'est d'ailleurs ce qui la motive, en substituant au réel insignifiant et tragique, la bulle de la représentation. Il suffit de relire le "Réveil" et la Fête de l'âne dans le Zarathoustra.

     Un philosophe se pensant et se revendiquant philosophe ne l'est déjà plus. Il ploie et sombre sous la pesanteur hallucinée de sa représentation et de la détermination qui l'intoxique, tout en le faisant "exister" dans le champ du grégarisme mondain, en quête d'idoles et de références. Tel est "le cas du philosophe" selon Nietzsche. Si la philosophie et le philosophe sont objets de croyance, c'est qu'ils participent à une fantasmagorie collective qu'on appelle "la culture", qu'elle soit avec ou sans qualités, culture de la libération, de l'émancipation, culture critique, contre culture, anti-culture, culture alternative, éthique, morale, etc. J'ai déjà abondamment abordé ces points ici même.

     Le Crépuscule des idoles n'annonce pas de manière prophétique l'effondrement du socratisme, du platonisme et du christianisme, considérés comme "des symptômes de dégénérescence" ; il est l'activation d'un mode de philosopher qui entend dissoudre et la philosophie et la religion, et les prêtres et les philosophes, ces derniers refuges de l'idolâtrie collective. L'enjeu consiste à déployer avec le minimum de division dans le champ des forces vitales, un philosopher-poétique, "artistique et tragique, non pessimiste, capable de dire "oui" précisément à tout ce qui est problématique et terrible" (cf. Crépuscule des idoles, La raison dans la philosophie).

    Le "oui" dont il s'agit n'est pas une affirmation de raison, ni un consentement à la manière des stoïciens, ni un énoncé performatif. Réduire l'affirmation nietzschéenne à du langage, à une posture théorique ou à un oubli du réel n'est rien comprendre à la tonalité tragique et physiologique dont il est issu. Ce "oui" est une disposition idiosyncrasique donc aphasique dont l'œuvre est l'incarnation, processus dionysiaque, souterrain et pulsionnel exprimant le devenir en acte et avec lui, son innocence, par delà bien et mal. Le philosopher poétique est bien expression de la force au cœur de l'insignifiance. Son énergie acosmique est moins dans son message conscient, dans une forme parlée, que dans le choc produit par les effets de cette vitalité. Aussi, ce "dire-oui" ne peut être qu'approché métaphoriquement et ne s'adresse qu'aux poètes tragiques capables d'un philosopher lui-même tragique. Mais pour cela, c'est tout l'édifice du langage rationnel qui doit se consumer au profit d'un dévoilement (Alètheia) déjouant le piège de la convention, au plus près des sources vives de l'inconscient : métaphores et métonymies, glissements erratiques, et usage intempestif du marteau : le médecin se fera poète ! Les autres feront face à l'âne et chercheront à le soumettre aux besoins du groupe, de la famille. Ils n'auront de cesse de restaurer la domesticité à laquelle ils adhèrent et qui constitue leur monde. Mais ce qu’ils ne voient pas, c’est que l’âne est aussi la métaphore du réel, définitivement rétif à toute culture : l'asinité ou le scandale de l'altérité sans résidu !

         "Tu suis des chemins droits et des chemins détournés; ce que les hommes appellent droit ou détourné t'importe peu. Ton royaume est par delà le bien et le mal. C'est ton innocence de ne point savoir ce que c'est 
que l'innocence. Et l'âne de braire, hi-han !" (Ainsi parlait Zarathoustra, Le Réveil)

         Aussi, reprocher à Nietzsche d'être "concon" comme le fait Frédéric Schiffter me paraît bien mal inspiré compte tenu de l'étendue de l'œuvre et de l'incroyable fécondité tragique des intuitions de l'homme dont le tort serait, au fond, de ne pas être pessimiste. Mais je me suis déjà exprimé là-dessus sur le blogue du philosophe sans qualités, lequel a quelque peu nuancé le propos dans son dernier article.

       Par ailleurs, et je réagis à l'intervention d'Antigone, l'âne n'est pas, de mon point de vue la métaphore de l'apprenant, de l'individu embarqué dans un processus d'initiation malgré lui au moyen d'une motivation qu'on chercherait à édifier pour parvenir à des fins plus ou moins avouables. L'âne est une métaphore du réel (comme je l’ai déjà noté), avec tout ce qui, à la fois résiste (le réel) et pèse au point d'accabler celui qui se propose de conduire l'animal de gré ou de force (la culture et la convention). Il y a une forme de cynisme chez l'âne exprimant une radicalité sans précédent. Mais c'est là un cynisme à l'inertie ravageuse, au silence réitéré, à la vacuité revendiquée par sa seule présence, n'ayant nul besoin de mordre ou d'aboyer parce que sans chaine et sans laisse. Telle est d'ailleurs la faille du Chien ; il mord certes, mais demeure attaché à sa niche comme à son maître (la nature) et, tout en se raillant de la convention, prend un soin tout particulier à maintenir ce lien critique qui lui donne sa contenance et sa pitance. Que vaut le Chien s'il n'y a pas de quoi grogner à la vue d'un ombrageux puissant tel Alexandre ? 

      Il en va autrement de l'âne dont la farouche résistance lui vient de ce qu'il n'a pas besoin d'être ferré. Son pas n'est pas domesticable, sa trajectoire est donc aléatoire, au gré d'une détermination qui ne peut jamais être véritablement domptée ni soudoyée. Il y a de "l'insociable sociabilité" chez cet animal qui semble attristé par le seul fait de vivre là où il se trouve et capable de se moquer de toute chose comme de lui-même. Métaphore de l'homme conscient de l'inutilité de tout effort, l'asinité est cette faculté de se tenir, à la manière de l'âne, à mi chemin entre la sauvagerie du loup et la domesticité du cheval, dans un entre-deux qui n'est pas tout à fait un compromis mais plutôt un art mineur en prise avec "le réel débusqué". L'âne semble nous dire dans son braiement caractéristique : "on ne me le fait pas !" Et le philosophe de continuer avec son bâton et sa carotte à pratiquer l'espoir de la métamorphose, l'espoir de rendre l'animal significatif, de le plier aux exigences de l'humain ! L'âne résiste encore et signe notre imposture d'être-au-monde par le seul fait de sa présence. Ses longues oreilles n'y entendent rien malgré notre désir d'ordre et de maîtrise, l'asinité est à l'image de la vacuité, insaisissable et inaudible : l'âne est la figure tranquille du terrorisme en philosophie, figure tenace d'un réel définitivement insignifiant.

       Giordano Bruno, torturé pendant 7 années par la très Sainte Inquisition catholique, brûlé le 17 février 1600 pour hérésie après qu'on lui a broyé la mâchoire pour l'empêcher de parler, se réclamait volontiers de l'asinité. Il professait un univers infini, privé de centre, et une infinité d'astres comparables au soleil, un panthéisme qui impressionna Spinoza. Ses derniers mots lors de son procès furent : "Il n'y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j'aurais à rétracter". Ce "rien" était de trop. L'âne se consuma dans les flammes. Mais étrangement, il ne cesse de renaître de ses cendres. HI-Han !!!

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Je ne me mêlerai pas à ce tintamarre! Je préfère déplacer la question vers un point plus modeste: je goûte fort cette idée - ou image - d'un âne manifestant à sa manière 'l'humble splendeur de l'entre-deux : ni tout à fait sauvage, ni tout à fait policé, ni lion ni chien, ni naturel ni culturel, participant des deux et définitivement rétif et insociable. Voilà qui situe le philosopher dans son exact poinçon de réel.
Répondre
F
Cher Démocrite,<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a chez Nietzsche une posture et des trémolos prophétiques qui, pour l'honnête homme que je suis, gâche le plaisir de lecture. Je ne goûte guère les illuminés qui cherchent à grand coup de zim-boum-boum lyrique à m'apporter je ne sais quel message qui leur traverse le crâne. Jeune blanc-bec, avide de livres susceptibles de nourrir ma jugeote, je commençai par le "Zarathoustra". L'ouvrage me fit l'effet d'un grimoire ésotérique destiné à des esprits en mal de révélations et de visions. Amateur de la clarté voltairienne et de la concision des moralistes, je jugeai cet Allemand plutôt choucrouteux. Plus tard, aidé de Deleuze et de Granier, je continuai la lecture de ses autres ouvrages espérant y trouver des pensées claires et distinctes. Or, malgré les efforts méritoires de ces deux commentateurs, Nietzsche demeura pour moi obscur et confus et je me fis réflexion que si tant d'exégètes disputaient autour du sens de telle ou telle de ses notions et de ses métaphores, c'est parce que chacun d'entre eux y projette une interprétation qui l'arrange. <br /> <br /> <br /> <br /> Concernant le tragique et le pessimisme. Il est bien évident que le second épuise le premier puisque le tragique n'est que le faux-nez nietzschéen du pessimisme schopenhauerien. Le hasard est la pire des causalités en ce que le principe de raison échoue à en recouvrir et à en saisir les phénomènes — même s'il nous en donne l'illusion (représentation). Nietzsche ne dit pas autre chose que son maître Schopenhauer. Il plaque là-dessus du folklore pré-socratique. Il fait le Grec. <br /> <br /> <br /> <br /> Nietzsche ne dit rien de plus également que Schopenhauer concernant l'art et l'expérience esthétique. Pour Schopenhauer l'œuvre est la transposition même du vouloir-vivre insignifiant et douloureux. Sa lucide et plaisante réitération. Nietzsche dit: son affirmation. Là aussi il fait le Grec, mais un Grec d'opéra, en ajoutant sa dialectique du dionysiaque et de l'apollinien (qui fait la joie des amateurs du joli tarabiscotage conceptuel).
Répondre
D
Cher Frédéric,<br /> <br /> <br /> <br /> Vous ne vous en prenez pas seulement au style du philosophe et à la forme de sa prose ; vous parlez aussi d'une attitude devant le lecteur, d'une conduite d'aveuglement face à soi-même et qui engage autre chose que le seul registre de discours.<br /> <br /> Tout de même, quelle est la valeur d'un "philosophe" dont la pensée cherche à "se bluffer soi-même" et qui "chercherait à bluffer les jobards" selon vos mots, qui "utilise des notions aussi creuses que vagues" pour masquer une incorrigible caducité ? Vous créez - peut-être sans le vouloir vraiment - un amalgame entre le comportement, l'expression stylistique et la pensée qui relèveraient de l'imposture philosophique. Je trouve cette approche caricaturale, outrée et injuste concernant Nietzsche. Si l'auteur du Gai savoir entre dans cette catégorie au moins par les expressions qu'il utilise, comment pourrait-il seulement être digne d'être lu et pensé ? <br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai nullement écrit que se rendaient coupables à vos yeux du "concon" ceux qui ne verseraient pas dans le pessimisme. Je ne parlais que de Nietzsche et pour cause puisqu'il ne réduit pas le tragique au pessimisme de Schopenhauer ce qui, en effet, vous déplaît, mais qui pourtant constitue un rapport au réel possible et parfaitement expérimentable, notamment, mais pas seulement, dans la création. <br /> <br /> <br /> <br /> Bref, je trouve, sans chercher à polémiquer inutilement, que dans le cas présent la cible choisie pour qualifier l'attitude visée (qui n'est pas qu'une expression formelle) n'est pas la bonne car si le pessimiste ne peut épuiser le tragique, il est bien plus efficace pour révéler les impostures des optimistes de tout poil et des fanatiques du sens qui prolifèrent et sévissent partout. Nietzsche n'est pas de ceux-là. C'était là l'enjeu central de mon intervention sur votre blogue. <br /> <br /> <br /> <br /> Si Nietzsche manie aussi le sarcasme, il sait cependant que le réel se tient hors langage et qu'aucune formule, si imparable et si radicale soit-elle, ne vient l'épuiser. <br /> <br /> <br /> <br /> Bien à vous.
Répondre
F
Cher Démocrite,<br /> <br /> <br /> <br /> Où avez-vous lu que je traitais Nietzsche de concon? En parlant de son style, je disais simplement que le concon consiste à exprimer avec emphase des notions creuses afin de se bluffer soi-même et les jobards. L'éternel retour, le Surhomme, la Volonté de puissance ne signifient pas grand chose — ce qui ne m'empêcherait pas de faire toute une conférence là-dessus grâce à la rhétorique nietzschéenne que je sais manier en ma qualité de professeur de philosophie. Le nietzschéen s'apprend et se parle comme l'heideggerien ou le lacanien. Ce qui en impose avec le nietzschéen, c'est que l'on y voit de la poésie. Vous me dites que nul penseur n'est à l'abri du concon et que seuls s'en rendent coupables à mes yeux ceux qui n'auraient pas le bon goût d'être pessimistes. Mes yeux sont bons. Les pessimistes cultivent le sarcasme et la formule imparable. Ils n'ont pas la berlue. Aucun âne ne se transforme en lion puis en enfant. Ils appellent un chat un chat. Et, quand ils donnent dans la métaphore ou le bestiaire, ils sortent l'excellent La Fontaine que Rousseau, le grand maître du concon, voulait censurer auprès des enfants à cause de sa vision désespérée et désespérante des humains.
Répondre
A
Lisant le mot brodeur – brodeuse eût sans doute mieux en la circonstance convenu – je pense aussitôt par je ne sais quelle association d’idée à cette fameuse Tête de Faune rimbaldienne (il y est certes question de broderie) : <br /> <br /> <br /> <br /> « Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,<br /> <br /> Dans la feuillée incertaine et fleurie<br /> <br /> De fleurs splendides où le baiser dort,<br /> <br /> Vif et crevant l'exquise broderie,<br /> <br /> <br /> <br /> Un faune effaré montre ses deux yeux<br /> <br /> Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.<br /> <br /> Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,<br /> <br /> Sa lèvre éclate en rires sous les branches.<br /> <br /> <br /> <br /> Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -<br /> <br /> Son rire tremble encore à chaque feuille,<br /> <br /> Et l'on voit épeuré par un bouvreuil<br /> <br /> Le Baiser d'or du Bois, qui se recueille. »<br /> <br /> <br /> <br /> Et soudain, par crainte du hors sujet total j’en reviens à l’asinité, avec le rondouillard écuyer de Don Quichotte et son grison :<br /> <br /> <br /> <br /> « … don Quichotte, tournant la tête aux cris de Sancho, que par là il avait bien reconnu, le vit pendu au chêne, la tête en bas, et le grison près de lui : car la bonne bête ne l’avait point voulu abandonner en son malheur. Aussi Cid Hamet raconte-t-il que bien rarement il vit Sancho Pança sans le grison, ni le grison sans le bon Sancho, tant étaient fortes l’amitié et la fidélité qu’ils se gardaient l’un à l’autre ». <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Le bois, le bouvreuil, le chêne, le grison et Sancho tête en bas : <br /> <br /> Serait-ce là la marque du grégarisme du chêne ? Plutôt le grégarisme de qui pointe l’affreuse bête, répondit l’écho.
Répondre
D
"Et oui, l'humanité je l'ai croisée: dans le regard de quelques résistants." <br /> <br /> <br /> <br /> Et que faites-vous de tous les autres ? Les pleutres, les faibles, les avides, les fatigués, les handicapés incapables de résister, les criminels, les persécuteurs, les enfants, les désintéressés, les fous etc ? Ceux-là ne font pas partie de ce que vous appelez l"'humanité" ? <br /> <br /> Vous avez raison : "Tout n'est pas vide, tout n'est pas plein, tout n'est pas noir tout n'est pas blanc". <br /> <br /> A partir du moment où vous cherchez à faire exister ces fictions que sont "la philosophie" et "l'humanité", vous ne pouvez plus vous empêcher de prêcher (à l'image de vos derniers messages confortables et bien pensant). <br /> <br /> Aussi, je ne vois pas l'intérêt de poursuivre dans cette voie.<br /> <br /> Bien à vous
Répondre
A
Vous partez de présupposés qui ne sont pas les miens: où et quand ai-je dit que je souhaitais que les arabes vivent à l'occidental? <br /> <br /> J'ai simplement dit que je suis très heureuse que des peuples se libèrent de la tyrannie. Et oui, quelques idées philosophiques y ont contribué.<br /> <br /> Le vide m'effraie nullement, moi aussi je me réclame de Démocrite et de Lucrèce: ma maîtrise portait d'ailleurs sur l'inutilité de la crainte des Enfers chez ce dernier auteur. Mais je souhaiterais parfois qu' en philosophie on introduise quelques nuances. Tout n'est pas vide, tout n'est pas plein, tout n'est pas noir tout n'est pas blanc. <br /> <br /> Mais par contre oui, pour moi la philosophie c'est d'abord et avant tout une recherche de la vérité, non pas de celle qui génère des idoles et de l'idolâtrie, mais au contraire de celle qui chasse tout obscurantisme quel qu'il soit, et qui nous évite de nous perdre dans des sentiers qui me semblent très douteux sur le plan humain.<br /> <br /> Et oui, l'humanité je l'ai croisée: dans le regard de quelques résistants.
Répondre
D
Chère Antigone,<br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez parfaitement le droit de croire que la philosophie change quelque chose dans ce monde et qu'elle participe à un mouvement vers le bien. C'est précisément le signe même de la croyance et de l'adhésion inconditionnelle aux Idées. C'est précisément ce que vous appelez une idéologie. Toute idéologie est dangereuse et tout discours qui veut mon bien est suspect. Mais cela, pouvez-vous l'interroger ? <br /> <br /> <br /> <br /> Vous confondez "besoin de sens" et philosopher en vérité. Il n'est nulle part écrit que l'exigence de vérité rende heureux ou doive être utile comme vous le proclamez. <br /> <br /> Vous avez manifestement besoin de le croire. Cela vous regarde, en effet, et c'est tout à fait respectable tant que vous ne cherchez pas à imposer vos idées humanistes et philosophiques à quiconque et tant que vous ne voulez pas mon bien.<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi voulez-vous le bien des Arabes ? Pour qu'ils vivent à l'occidentale, à la française dont la république est tellement exemplaire et dont le bonheur est si éclatant, bonheur gavé d'antidépresseurs et d'espoir d'échapper au travail grâce à la française des jeux ? <br /> <br /> <br /> <br /> Vous exprimez, chère Antigone498 une attitude clairement religieuse même hors d'une foi révélée ou d'un dogme officiel parce que vouloir le bien de l'humanité est déjà la tentative illusoire de la sauver. Sauver de quoi ? De la mort ? De la souffrance ? De la vieillesse ? Allons bon. L'humanité n'existe pas, elle n'est qu'un mot, qu'une idole. L'avez-vous déjà rencontrée dans l'expérience ? L'avez-vous croisée, ne serait-ce qu'une fois, cette humanité ?<br /> <br /> Comme beaucoup, vous attendez de la philosophie qu'elle remplace l'effondrement des religions et vous lui faîtes jouer le même rôle. Pouvez-vous le voir et l'interroger sérieusement ? <br /> <br /> <br /> <br /> Mais, peut-être serait-il intéressant de questionner les raisons qui vous font vous effrayer devant la vacuité et devant celles qui vous terrifient à l'idée que l'humanité n'aie pas besoin d'être sauvée ou que le "bien pour tous" ne veut précisément rien dire . Quelle est cette terreur qui vous amène à reculer devant l'impermanence et l'insignifiance du réel et vous empêche de voir et de sentir les choses hors de votre "besoin", sentir les choses librement et en vérité ?
Répondre
A
J'ai parlé de la figure scolastique de l'âne de Buridan, cet âne qui ne peut se déterminer à choisir entre un sceau d'eau et une botte de paille et qui en meurt.<br /> <br /> Et contre cet âne bien trop scolaire, nous sommes si nombreux en vérité à avoir choisi d' apprendre différemment, en toute liberté, en prenant notre temps, à un moment où les conditions de vie des uns et des autres le permettent aussi, y avez-vous songé une seule seconde? <br /> <br /> Aussi nous nous dépêchons d'ouvrir les livres avec joie (nous ne sommes pas éternels), et éventuellement nous nous entraidons puisque certains philosophes ne nous aident manifestement pas à les ouvrir, se contentant d'observer comment le "peuple" accède se cultive. C'est égal, nous ouvrons quand même les livres, tous ceux qui nous amènent à envisager la vie de façon optimiste et par conséquent à nous déterminer ici et maintenant en faveur du bien, ce bien non transcendantal qui se contente simplement d'apporter du bien-être au plus grand nombre. Oui je sais bien que pour un partisan de la vacuité c'est difficile à "croire", mais nous échapperons à la néantisation malgré le pessimisme ambiant. Et je suis certaine que bien des gens du peuple se sont inspirés de quelques ouvrages philosophiques pour mettre en route le printemps arabe qui a destitué un tyran pas plus tard qu'hier. C'est en cela aussi que consiste le bien pour tous qui va de pair avec la progression des idées humanistes et philosophiques dans le monde.<br /> <br /> Tout ramener à de la vacuité est terrible sur le plan humain et dangereux sur le plan idéologique. Sans compter que c'est d'un cynisme complètement inutile sur le plan humain également.<br /> <br /> Mais ce n'est que mon point de vue...
Répondre
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité