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DEMOCRITE, atomiste dérouté
12 octobre 2013

Gagner sa vie pour oublier

 

 

         "L'existence se présente avant tout comme une tâche,

           celle de subsister, de "gagner sa vie". Ce point une

           fois assuré, ce qu'on a acquis devient un fardeau, et

           impose alors une seconde tâche, celle d'en disposer,

           en vue d'éviter l'ennui qui s'abat comme un oiseau de

           proie aux aguets sur toute existence à l'abri du besoin.

           Ainsi donc, la première tâche est de gagner

           quelque chose, et la seconde d'oublier qu'on l'a gagnée,

           sans quoi cela devient un fardeau."

                        

                                    Schopenhauer, Parerga

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Commentaires
G
Relire Marx : la liberté commence là où s'arrête la nécessité. Alors peut-être la vie peut-elle redevenir ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : le pur jeu des forces cosmiques dans le corps et l'esprit de l'homme, la danse de Dionysos
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D
Chère Sibylle,<br /> <br /> <br /> <br /> je comprends bien cette réticence devant l'expression "gagner sa vie" et je la partage dans une certaine mesure mais il ne s'agit pas ici de perdre de vue ce qui en "jeu"ici, à savoir l'oubli décisif des conditions réelles de l'existence. C'est le problème pascalien que reprend ici Schopenhauer : le divertissement et l'ennui !<br /> <br /> <br /> <br /> Le malheur des pauvres consiste à lutter de toutes leurs forces pour se mettre à l'abri de l'horreur de la précarité qu'impose la réalité biologique. Ils tentent de gagner leur vie et non de la perdre. Ce gain n'est qu'un prolongement de la fonction vitale, qu'une manière épouvantable de repousser provisoirement les limites de la mort. C'est pourquoi ce "gain" éphémère "se tient toujours sous" l'empire de la nécessité : c'est cela "subsister" - se tenir sous, ce qui est la manière la plus effroyable de "gagner" la vie qu'on perdra de toute façon. Insignifiance de la vie mais lutte pour la vie !<br /> <br /> <br /> <br /> Le malheur des riches est aussi dramatique, car le besoin satisfait détourne l'esprit de la nécessité et le plonge dans l'ennui mortel face à l'insignifiance ontologique de l'existence. C'est pourquoi le riche investit, dépense, gaspille, prend tous les risques, joue avec ce qu'il a gagné, pour retrouver l'espace d'un instant, ce rapport au réel -le besoin, qui le ramène à sa condition biologique. Oublier ce qu'on a gagné pour se détourner du néant. Gaspillage et oubli : insignifiance de l'existence.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans les deux cas : insignifiance ! Le gain n'est donc jamais un gain véritable car le jeu est pipé dès l'origine ! En revanche, le malheur de l'homme est lui bien réel, à l'image de sa condition.
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S
Il y a quelque chose de fort dans la citation de Schopenhauer, comme il y a quelque chose d’intense dans l’expression de son regard, une exigence de vérité. Ici, nulle tricherie, nulle tergiversation ou gesticulation de « philosophe » de théâtre. <br /> <br /> « Gagner sa vie », hum, hum, comme la conscience commune peut-être amusante. Personnellement, « je gagne » ce que j’ai librement décidé de gagner. <br /> <br /> Or, je n’ai pas choisi de vivre et d’être dans la vie, et pourtant « ON » m’impose de la gagner. De quel droit je vous prie ? <br /> <br /> Il me semble que l’on pourrait envisager deux possibilités : il y aurait un gain ou une perte, oui, j’insiste peut-être une perte à vouloir à tout prix se libérer de toute idée de survivance pour vivre autre chose, autrement. Qui peut savoir si la pâte à pain pétrie par mon existence sera rance ou délicieuse ?<br /> <br /> Pardonnez-moi cher Démocrite de prendre complètement à rebours cette citation et de sortir des sentiers battus, mais il existe des expressions, fussent-elles communément admises (GAGNER SAVIE), qui sont révoltantes. <br /> <br /> On peut choisir de mourir mais jamais de naitre : c’est là le plus grand scandale de toute existence ! <br /> <br /> Peut-on se libérer du besoin de vivre, la question mérite d’être posée ? <br /> <br /> <br /> <br /> Salutations schopenhaueriennes
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L
"sa conscience le porte, au-delà du seul besoin, à penser son devenir"<br /> <br /> <br /> <br /> Peut être l'homme dit il " je suis" et pour savoir que je suis, "je pense".<br /> <br /> Cette pensée projette la vie comme un film au devant de lui et toute son existence est intimement liée au film.<br /> <br /> Voilà le fardeau, ce "gain " ajouté à la vie.
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D
Oui Lise, mais l'homme n'est pas un animal ordinaire ; sa conscience le porte, au-delà du seul besoin, à penser son devenir. De fait, le rapport à la vie se modifie en profondeur pour devenir problème existentiel. "Gagner sa vie" s'inscrit dans cette dynamique infernale de l'activité pour échapper au repos c'est-à-dire à l'ennui qui caractérise celui dont les besoins ont été satisfaits.
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L
Le fait même de devoir ajouter un gain à la vie constitue à mes yeux le fardeau.<br /> <br /> La subsistance, cet art d'alimenter la vie en soi, n'a que faire de cette "valeur ajoutée" .
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