Vive la mort d'Adèle !
Je viens d'assister péniblement à la projection de La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, palme d'or du dernier festival de Cannes et reste stupéfait par le retentissement de ce téléfilm larmoyant, pathétique, sans enjeux, dramatiquement inintelligent. Quel est donc l'intérêt de cette histoire de midinette lesbienne, amoureuse, proche de l'asymbolie et disposant au mieux d'une vingtaine de mots de vocabulaire ? La pauvrette, Adèle, semble condamnée à débuter toutes ses phrases par "trop" (trop bien, trop beau, trop moche, trop bon) et à raconter des histoires débiles aux enfants dont elle a la charge comme institutrice (sic !), posant un regard hébété sur sa propre situation.
La caméra, rivée aux visages des actrices, à leurs bouches, à leurs larmes, à leur morve (re-sic !) (les mouchoirs n'existent pas dans la vie d'Adèle) et leur salive, aux spaghettis qu'elles s'enfilent en gros plans, comme si l'auteur craignait que son fantasme lui échappât en cours de route, force le spectateur à une intenable proximité, à un voyeurisme bas-de-gamme et écervelé ! Aucun plan large ou presque dans ce film, aucune distanciation dans la construction !
Quel ennui ! Ce documentaire sans récit ne soulève pas de questions, n'interroge rien et se noie dans des dialogues creux, des références stéréotypées et une obscène immédiateté. Les scènes de cul interminables, répétées dans une outrance ouvertement pornographique sont manifestement au service des pulsions scopiques du réalisateur, sur fond de pauvreté relationnelle et sensuelle.
Bref, qu'on se réjouisse de la mort d'Adèle, qu'on l'enterre au plus vite avec un verre de rouge et une tartine de mortadelle pour faire descendre ! Bon appétit !