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DEMOCRITE, atomiste dérouté
5 mars 2014

La bassesse des grandes questions

      Hier, j'ai visionné l'émission de télévision "les Grandes questions" animée par Franz-Olivier Giesbert autour des sujets suivants : "y a-t-il des raisons d'espérer ? et, sommes-nous condamnés au pessimisme ?"

     A dire vrai, si j'ai pris le temps de regarder ce programme, c'est uniquement parce que Frédéric Schiffter, "philosophe sans qualités", y participait et que je tenais, par curiosité, à l'entendre ferrailler au milieu d'idéologues bardés de bien pensance. Ecouter Jean-Louis Debré défendre un optimisme politique volontariste, un psychiatre dont j'ai heureusement oublié le nom, parler d'un gène de l'optimisme et de ses bienfaits pour la santé mentale, une hystérique de BFM TV, authentique prototype de "la bonne femme" qui n'y entend rien, défendre l'optimisme conquérant des marchés qui eux, "servent à quelque chose", donnent une certaine idée de la qualité des débats. L'ennemi à abattre fut évidemment le pessimisme représenté sur le plateau par le nihiliste balnéaire.

      Ce fut difficile d'assister à un tel spectacle de non-pensée, à un tel effort d'évitement des enjeux dans l'expression d'un dualisme d'autant plus grossier et caricatural qu'il ne fut jamais questionné. J'avoue avoir zappé une certaine quantité d'interventions compte tenu de l'incroyable médiocrité de leurs auteurs. Optimisme et pessimisme n'étaient que des attitudes convenues, des rôles au service d'un cirque médiatique gouverné par un animateur aussi creux, vide et arrogant que l'émission qu'il dirige. L'incroyable effort pour ne pas penser, pour ne pas produire la moindre idée sérieuse, a de quoi interroger "l'honnête homme". Les postures se figent dans un jeu de renvois infinis qui consiste à conclure béatement qu'il vaut mieux préférer l'optimisme que son contraire (sic!)comme si tout cela n'était qu'une affaire d'autodétermination. On fait son marché dans la panoplie des humeurs. On décrète, on choisit, on décide d'être optimiste ! Evidemment ! C'est si simple ! Même en classe de terminale, il est rare d'atteindre un tel degré de bêtise, de ridicule, de bassesse sur le terrain de l'intelligence, dans un processus de suggestion hypnotique collective. Stupéfiant !

      Ce qui est plus préoccupant, c'est que trois "philosophes" ont participé à ce numéro digne d'un mauvais café du commerce et qu'il a fallu attendre la dernière minute pour que Géraldine Muhlmann introduise enfin la dimension tragique en la nommant, permettant de renvoyer dos-à-dos les deux postures caricaturales représentées sur le plateau par des humeurs, des régimes d'affects singuliers et relatifs. L'universalité du tragique, c'est-à-dire du réel vient briser l'enchantement et la magie de la représentation qui déterminent ces positions de confort. Il questionne en vérité chacun d'entre nous dans notre rapport avec la faille. L'émission aurait pu alors commencer. Trop tard ! Et surtout, tant mieux ! Car dans cette émission, tout est manifestement bon, sauf d'aborder "les grandes questions", c'est-à-dire les questions qui fâchent! 

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