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DEMOCRITE, atomiste dérouté
18 juin 2014

Le jeu fantasmatique de la vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        "Toute vie est un jeu qui se balance sur des représentations arrachées de manière inconcevable et traitées de manière fantasmatique ou, autrement dit, sur des fictions. Mais le contraire de la fiction ou du jeu n'est pas le sérieux (c'est pourquoi des enfants reprochent à d'autres enfants qu'ils ne jouent pas sérieusement). Nous jouons ce que nous sommes ; nous jouons parce que nous ne pouvons pas faire autrement, parce qu'en dehors du jeu il n'y a "rien", parce que le jeu s'est arrogé la position d'usurpateur. La fiction est le substitut originel de la vie. Et ce qui s'appelle communément fiction n'est pas ce qui est autre chose que la réalité mais un subsitut d'un substitut, donc une autre possibilité fictionnelle de notre existence fantasmatiquement insatisfaisante."

Marc Verminck  (philosophe et psychanalyste) - Comme un miroir brisé

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Commentaires
M
Dégénérescence de toute culture,rigidité,perte du jeu(du je) ,oui,mais que demande la société aujourd'hui?<br /> <br /> Connaître et avoir lu: Nietzsche,Schopenhauer,Spinoza,Foucault,Artaud,Kant,,etc..bien,mais en quoi cela intéresse les dominants(les oligarques) actuels(je pense à Bourdieu mais surtout à l'ultralibéralisme).Ils veulent des "hubots"bien formatés et efficaces..et l'enseignement d'aujourd'hui n'y échappe pas..<br /> <br /> Bien à vous,
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D
Le fantasme serait la première des métaphores, un déplacement psychique obligé pour faire face au réel et se figurer des possibilités d'affronter l'innommable. C'est là que nous jouons ; c'est là que nous explorons nos ressources propres et la puissance de notre imaginaire. On comprend pourquoi l'attitude naturelle consiste à prendre l'image pour la réalité ; c'est la forme la plus archaïque de l'anthropomorphisme. <br /> <br /> <br /> <br /> La vie sociale est une manière collective d'habiter le monde en pratiquant une projection à grande échelle. Il n'est pas sûr que l'on aie pourtant affaire à des métaphores. Je réserverais davantage ce terme à la sphère de l'esthétique, de l'enchantement et de l'imaginaire plastique dont les sources sont liées aux angoisses archétypiques et aux scénarios individuels permettant d'y faire face. <br /> <br /> <br /> <br /> La projection sociale m'apparaît beaucoup plus rigide, surdéterminée et assez pauvre sur le terrain de la métaphore, trop proche du vouloir vivre immanent et des productions économiques des corps rentables. Qu'expriment le monde du travail, le capitalisme et l'oligarchie dominante sinon des pulsions brutes bien peu élaborées ? D'où, en effet, le sentiment que dans ce monde-là, on ne joue plus, ou du moins que le jeu devient possiblement une affaire de vie et de mort. L'affaissement de la métaphorisation devant la brutalité des pulsions économiques engendre la dégénérescence de toute culture. Et pourtant, au coeur de l'affrontement pulsionnel, il s'agit encore de jeu. Le trader joue comme tous les assoiffés qui courent derrière des dividendes, métaphore si l'on peut dire, de la misère mentale et de la normopathie collective!
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G
Le texte cité est une heureuse présentation de la nécessité incontournable de la métaphore : vivre c'est métaphoriser, déplacer dans un jeu qui est en quelque sorte imposé dès le départ : le jeu comme écart entre le réel et la représentation. Nous jouons doublement et nous sommes doublement joués : les dés sont pipés et le jeu truqué. A moins de trouver l'astuce pour se jouer du jeu. Mais cela n'est guère possible dans la réalité sociale. Et problématique ailleurs. Bon courage camarades!
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S
La place du fantasme est problématique si nous souhaitons bouger le curseur dans notre rapport avec la réalité pour trouver de la sorte NOTRE place.. La question qui se pose alors est celle du référentiel idoine qui me permettra de me positionner dans la réalité avec tout ce que je suis, avec ce legs archaïque pétri par mes fantasmes. <br /> <br /> Fort heureusement, il n’y a pas d’épuisement ou de résorption possible du fantasme. Non vraiment, je pense que le seul référentiel possible est celui que le sujet sent, ressent comme possibilisation de sa propre jouissance, et dans le meilleur des cas comme l’actualisation du vivre de petits moments de bien –être. Seuls ou accompagnés, il nous faut cheminer….tant bien que mal.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien à vous,
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D
L'exigence de vérité que vous évoquez et qui me paraît nécessaire doit aussi se comprendre comme une forme particulière du jeu pour la raison que nous nous tenons à distance du réel. Il y a donc du jeu, un irréductible écart. Et, en effet, il vaut mieux savoir qu'on joue sans quoi on est en danger.<br /> <br /> Cela étant, la place occupée par le fantasme reste problématique car elle détermine notre rapport fictionnel à la réalité.
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S
Nous sommes bien évidemment tous aveugles à nos propres fantasmes et il n’est pas question de renoncer ou de combattre ce qui nous constitue fondamentalement : cette forme d’atavisme originaire. Nous ne détenons pas entre nos mains les règles de ce jeu. Toutefois la prise de conscience de cet état d’insatisfaction permanente est probablement un premier pas vers une exigence de vérité à l’égard de soi et des autres
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