Le veilleur
<< Ah ! Puisse luire dès aujourd'hui la fin de mes tourments,
puisse le feu de joie illuminer les ténèbres ! >> (Agamemnon, Eschyle)
Que convoites-tu avec tant d'ardeur dans ce qui n'est plus ?
Quel est ce trésor exhumé, arraché au néant,
tempêtes intestines, figé sur le récif inquiet des origines ?
Douleurs, peines et joies se déposent et se cristallisent
dans le terreau infertile de la mémoire comme autant de squelettes calcinés,
rongés par le temps immense.
Quelques lueurs fétiches brillent dans les ténèbres d'une énigme effacée.
Quelques chants hypnotiques venus des horizons lointains
résonnent encore en Sibylle, funestes messagers des deuils impossibles.
Ton esprit alourdi par d'antiques mélopées
ne sait plus rien du Ciel et de la Terre
et des nimbes infidèles qui font la splendeur du jour.
C'est dans l'Ouvert que se tient l'esprit vivant,
la danse illuminée du gai savoir.
Les vagues de la vie déferlent et les tourbillons d'écume
m'enseignent le prix de ce qui passe.
Et tel le gardien d'une sagesse d'éclipse,
je sais l'authentique secret.
<< Veillant sur cette couche pénétrée de rosée, sans répit,
comme un chien, j'ai appris à connaître l'assemblée des étoiles
et des astres qui font don aux hommes de l'hiver et de l'été.
De ces princes lumineux des feux de l'Ether,
j'ai maintenant la science des aurores comme des déclins.>>
(Agamemnon, Eschyle)