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DEMOCRITE, atomiste dérouté
12 février 2016

Esthétique de la sieste

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     Par Zeus ! Une heure quarante d'horizontalité méditative, de repli salvateur dans quelques cavernes sombres de l'Indiscernable ! Image inversée du cheminement philosophique platonicien ; me voilà remontant le fleuve du symbolique en direction de la plus incroyable dissolution de la pensée, au beau milieu d'une incandescence sensorielle d'autant plus bordélique qu'elle paraît se répandre dans des espaces illimités. Suis-je encore là-bas ? 

    Je m'arrache cahin-caha à cette sieste des profondeurs mais je reste incapable de reconnaître la nature exacte du grand voyage intérieur que je viens d'effectuer. Intériorité, est-ce si sûr ? Où étais-je lors de cette vaste pérégrination sans contours ? Il me semble avoir déformé les conditions de l'espace-temps au point de sentir vibrer des ondes gravitationnelles primitives. Nul besoin d'une science astronomique pour me frotter au chaos des origines et saisir la nature intime des choses. Tout se donne immédiatement, dans l'effervescence d'une fusion atomistique telle qu'elle opère au centre des étoiles massives. La plus totale dissolution de ce nous appelons l'Etre, c'est-à-dire l'Idée, s'accomplit avec l'éclatement des catégories. Egarée dans un fatras crépusculaire, entre vide et énergie primordiale, ma sensation est sans crainte, sans attente, sans l'amertume et la déception qui font le monde de la conscience et ses chimères représentatives. 

     Il y a dans cet art supérieur du retrait l'évidence d'un retour à la fécondité des conditions élémentaires du vivre et plus encore, aux mouvements alchimiques qui font le jeu de la création et de la destruction. C'est bien au plus près des portes de l'Hadès que mène cet itinéraire de la décomposition. Mais cette déroute ne saurait être menée à son terme. C'est à l'évidence encore trop tôt. Les forces de liaison s'éprouvent elles-mêmes et ramènent l'esprit à son unité de façade. Le grand vertige de l'oubli se referme sur lui-même en m'éveillant, en retrouvant le monde séduisant des formes et l'inépuisable morsure du désir.

     Une heure quarante d'ataraxie épicurienne, ce n'est pas si mal. Je mesure quelques progrès dans cette Voie qu'il faut bien appeler une Esthétique de la sieste, autre manière d'expérimenter une véritable Déroute d'autant plus active qu'elle est inactive.

 

 

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Commentaires
G
Au fond du sans-fond trouver du nouveau ! Quel poète ne ferait ce rêve "étrange et pénétrant" !
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D
A défaut de sieste, vous êtes la bienvenue, Mlle Opaline sur ces ondes déroutées.
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M
Une sieste, j'en aurais rêvé, aujourd'hui !<br /> <br /> Belle soirée :)
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