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DEMOCRITE, atomiste dérouté
28 avril 2016

Déroute néo-cubaine

De nouvelles images accompagnent l'article consacré à l'Archipel Néo-Cubain. Cliquez sur les images

Teide crépusculaire

       Apparemment, j'ai pu m'arracher au magnétisme des tropiques puisque je suis revenu tant bien que mal sur le vieux continent, péniblement refroidi par une soudaine et persistante coulée boréale. Le contraste est d'autant plus violent qu'une part essentielle de mon être persiste à l'évidence au bord de ce monde, tourné vers un ouest sans limite, avec de-ci de-là des émergences insulaires avalées par un océan de brumes crépusculaires. Peut-être, est-ce le trou du sans-fond qui annihile en mon esprit toute continuité géographique au point de demeurer captif d'une perception originaire.

Trouée

              Lorsque l'astre majeur tombe sur le cône fumant du Teide et fuit de l'autre côté du ciel, mon émerveillement est tel que je me sens plus vif que jamais, porté par l'élémentaire sentiment d'une fraternité avec les forces naturelles. Je ne conçois plus de quitter ces lieux tant il me semble participer en initié à la secrète mélodie de l'univers.

          

Ouest néo-cubain

          Mon expérience néo-cubaine s'avère rétrospectivement métaphysique et particulièrement profonde surtout si je la confronte aux polémiques diverses qui font l'actualité. Les gesticulations des "importants" restés au pays, devisant quant à la bienséance de telle ou telle conduite grégaire me donnent une telle impression de vacuité, de viduité, que ma récente déroute esthétique pourrait bien passer pour une épreuve ontologique consistante. 

Solaire

          Le réel est évidemment du côté de la nature. De fait, le Teide suspendu dans l'azur, flottant comme une divinité n'est peut-être plus tout à fait une apparition, un simulacre ou une expression phénoménale. 

Le mirage du Teide

         Au regard de l'insignifiance manifeste des phraseurs, ce géant insubmersible passerait volontiers pour un Être ondoyant dans l'éternité tranquille du devenir. Adorateurs du néant, intellectuels et philosophes de basse-cour s'agitent bien plus encore que ces crabes néocubains évaluant leur force respective dans un étrange face-à-face. S'ils sont prêts à tout pour défendre leurs intérêts territoriaux, les sophistes contemporains, à la différence de nos crustacés décapodes, s'imaginent modifier le devenir de l'Humanité et intervenir en conquérants dans le cours de l'Histoire, emplis de la vanité et de la suffisance des penseurs. 

Vanité du face-à-face

       L'intérêt évident des voyages réside dans l'impérieux mouvement de déterritorialisation et par là, de mise à distance de ses ancrages initiaux, de ses modèles et d'un certains nombre d'influences. L'insularité n'est pas qu'anecdotique.

 

Côte néo-cubaine

 

           Entre son esprit nouvellement désorienté et ses habitudes, l'épaisseur indéterminable d'un océan s'interpose et dissout peu à peu les rigidités mentales de l'honnête voyageur. 

 

Insulaire

     L'Atomiste se confronte ici à une forme neuve d'élémentarité dont le surgissement géologique constitue la matrice comme en témoigne Roque nubio, le roc des nuages

Roc des nuages

 

           Retour obligé aux forces telluriques, aux irruptions, aux failles, à l'énigme. Et face à l'énigme de la roche tutélaire, Sibylle danse en funambule sur l'écorce déshabillée du monde.

 

Sibylle, la danse ailée

         Le vent de mer fait l'ascension de cette terre ronde comme une coquille. L'air, fécondé par les pentes, devient visible et soyeux. Il voile peu à peu la représentation du Dérouté et lui impose, en facétieux, le rythme aléatoire d'une opacité fantomatique. "Nature aime à se cacher".

 

Opacité

       Le bruit des mondanités continentales s'est retiré pour laisser place au silence des fleurs. Le présent dissout les scories mentales dans le temps immense. Ce qui passe est simultanément ce qui ne passe plus. Ce qui est condense tout ce qui n'est plus, à l'image de la vérité -Alètheia, toujours présente et toujours voilée.

Montañon Negro

       C'est par hasard ou presque que nous sommes arrivés là, Sibylle et moi. Une improbable route indiquait le cap de la forêt suspendue de Tamadaba. Seuls devant les pentes volcaniques du Montañon Negro, à l'heure de la lume écarquillée et rauque, nous nous abandonnons à l'intensité vespérale.

 Roc-horizon

      Où tombe l'océan, le coeur sourit à la palpitation de l'archipel.

 

De l'autre côté du ciel

 Nous faudra-t-il fermer les paupières avec la tombée de la nuit ?

 

Ombre de la vérité

Rien n'est moins sûr car la vérité est dans l'abîme. 

 

Photos de Démocrite, non libres de droits

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Commentaires
S
Ce "devenir autre" s'exprime intensément dans ce "tout autre lieu" .<br /> <br /> L'émotion esthétique peut-elle ne pas révéler cette fraternité avec la Nature et nous faire entrevoir sa secrète mélodie?<br /> <br /> La forêt suspendue de Tamadaba....<br /> <br /> Bien à vous,
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D
Se "déterritorialiser" anéantit instantanément la polémique idéologique et les crispations identitaires. On pourrait voir dans ce mouvement une "aliénation positive" c'est-à-dire un "devenir autre" inventif car libéré provisoirement de certaines chaines mentales qui nous fixent ordinairement à des normes cristallisées.<br /> <br /> Encore faut-il accepter le voyage au sens plein du terme...
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E
Polémiques et gesticulations actuelles manquent profondément de ce mouvement de déterritorialisation dont vous nous relatez ici, à travers ce très beau retour de voyage !
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D
Merci Amis chers pour vos belles plumes et ces échos porteurs d'intensités multiples.
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G
Voilà qui vaut mieux que l'antre obscur de Calypso, et ses moiteurs capillaires ! Beau voyage pour un Ulysse dérouté qui ne se presse pas de revenir à Ithaque !
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S
Au large du continent, flotte des terres noires, volcaniques. C’est dans un écrin de végétation endémique, sur les hauteurs de l’île que nous décidons de séjourner. Entre ces monts escarpés naquit Teror : une jolie ville canarienne protégée par les allées sinueuses d’immenses eucalyptus fuselés.<br /> <br /> <br /> <br /> Le soir venu, c’est la plus belle des fleurs que nous célébrons avec un chupito de Ron miel. Dans la douceur vespérale, sa corolle de velours pourpre s'ouvre : son nom résonne comme celui d’un tango argentin : El Nuevo Iris….recuerdo.
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M
S U B L I M E !!!<br /> <br /> Quelle intensité, chaque lieu que tu offres nous donne envie de le découvrir. Merci pour ce grand moment esthétique.<br /> <br /> Maxi
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