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DEMOCRITE, atomiste dérouté
19 novembre 2016

La terreur sexuelle

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            Le jugement de valeur culpabilisant qui accompagne en général la sexualité (même si celui-ci a évolué) et qui ne l'admet que dans la mesure où prétendument domestiquée, elle sert les intérêts sociaux, n'est pas, comme on le croit souvent, une condamnation du seul plaisir. Quelque chose se dissimule là et se dit. Quelque chose de bien plus grave, de bien plus effrayant devant l'irruption désordonnée, imprévisible de la pulsion, devant le chaos immaîtrisable des forces vives que la sexualité "met en branle".

           La pulsion "ne vient pas quand je veux, elle vient quand elle le veut", pour reprendre une formulation nietzschéenne. Le fond obscur d'où procède l'investissement pour la chose sexuelle nous dépossède de notre prétention à nous gouverner nous-mêmes et indique la présence en soi d'un centre gravitationnel, d'un trou noir, d'un Invisible d'autant plus intolérable que ses intensités sont l'expression de l'irrationnel et du hasard. Comment faire face à cette dépossession primitive du sujet devant ses propres forces ? Ne sommes-nous pas les jouets d'une irrépressible dynamique intérieure ? La sexualité fait paradoxalement signe vers une source inassignable qui, comme le note Clément Rosset dans son Schopenhauer, philosophe de l'absurde, est l'expérience de l'absurdité manifeste de la réalité humaine. 

         On comprend mieux pourquoi la sexualité a toujours plus ou moins fait l'objet d'un refoulement massif come si elle constituait à bien des égards une terrible menace contre tous les pouvoirs organisés et les institutions. Peut-être y a-t-il là, dans le tourbillon sibyllin de nos impulsions, l'expression radicale d'une singularité d'autant moins supportable qu'elle nous échappe dès l'origine : l'indomesticable en l'homme.

     Restant le plus souvent sourd (ab-surdus) à la fécondité insignifiante de cette source, l'homme ne s'y abandonne que pour mieux l'intégrer dans une maîtrise parfaitement illusoire de sa vie intérieure, tout en demeurant à l'écart de ce qui le détermine et qui échappe à toutes normes, à tout récit, à toute prétention signifiante. 

        L'orgasme ne constitue-t-il pas, par excellence, cette effroyable expérience du non-sens révélant brutalement à celui qui jouit comme à sa partenaire qu'il ne comprend rien à ce qui lui arrive ? En ce sens, le récit historico-généalogique reconstruit par la psychanalyse ressemble bien à une tentative un peu folle de réinjecter du sens dans ce qu'il y a de plus incompréhensible et de plus incohérent.

      Au fond, la sexualité est peut-être une manière de se tenir au plus près d'un réel pur, moment a-logique d'une "intime étrangeté" ou de la plus "étrange intimité" qui soit, expérience d'autant plus angoissante que le sujet se découvre au plus loin de lui-même, et définitivement séparé de l'autre, emmuré dans l'énigme insoluble de l'Ouvert ?

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Commentaires
M
Ah!!La virilité... <br /> <br /> J'ai encore entendu récemment une conférence de Jacques-Alain Miller,de la famille des Lacan, et je suis toujours surpris par ses propos sur la "libido". Pour lui et son école, la libido est vraiment différente de la simple pulsion animal (qui dérange,nous soit-disant humain, depuis...toujours et qui peut-être fait tourner et retourner le monde,création,destruction...etc..)car dans la nature, à part exception (bonobos...), uniquement porté sur la reproduction...L'entendre toujours parler des techniciens de l'esprit !(quand il s'adresse aux comportementalistes,aux psychologues non psychanalystes,aux psychiatres éloignés de son école,neurologues,etc..) me gêne toujours quand il s'agit de soigner des patients,des mal-heureux (n'est ce pas la condition humaine!). La psychanalyse est une discipline parfois passionnante,dérangeante mais qui fait plus partie du domaine des sciences humaines(littérature,philosophie,anthropologie,etc..)que du domaine du soin effectif,enfin encore aujourd'hui.C'est un avis tout personnel mais qui est de plus en plus partagé(livre noir,Onfray,repentis,etc...), sauf en France(particularité culturelle et pourtant nation du siècle des lumières ...) et dans quelques autres pays(Brésil...), dû à la nébuleuse Millerienne ... <br /> <br /> Un petit mouvement d'humeur,<br /> <br /> Michel
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A
Cette statue est une représentation tardive de Dionysos alias Lucifer dans la bible, ange le plus puissant qui voulut devenir libre du royaume de Dieu et qui créa les hommes en descendant tel l'Esprit dans la matière, c'est le dieu de la bible, celui qui porte la lumière. Son sexe dressé exprime la virilité humaine mais aussi originelle, voir le monolithe du film 2001 l'odyssée.
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D
N'est-ce pas là une des formes érotiques de l'abandon ? Se laisser avantageusement séduire par un Eros de la dépossession ?
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S
La sexualité fait signe vers l'invisible. Vous me faites voir un lien entre le surgissement de la pensée, foudroyante, et l'érection phallique. Il me plait pourtant davantage de me sentir dans ces manifestations le jouet de forces souterraines!<br /> <br /> Je trouve l'attitude de la statue irresistible!
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N
Implacable.<br /> <br /> Si vous me permettez cette image, Cher Démocrite, le paysage de mots que vous offrez me rappelle les pas lourds de marne et de glaise que je m'étais offert à travers la côte de Thiepval, à l'endroit même où le 13ème Bataillon des Royal Irish Riffles monta à l'assaut de la redoute des Souabes le 1er juillet 1916.<br /> <br /> Une boucherie.
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M
Je suis désolé d'être aussi trivial mais côtoyant des ados quotidiennement,je ne peux qu'adhérer au mot de Céline: "L'amour(physique),l'infini à la portée des caniches"...Cette pulsion est pour moi la part émergée de notre animalité,poussée toujours vers la continuation de l'espèce mais pourquoi?Là peut commencer la pensée...<br /> <br /> Michel
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A
Mais tout vient quand ca veut...le libre arbritre n'existe pas mais il existe l'illusion du libre arbritre crée par notre égo surdimensionné et notre faible intelligence.<br /> <br /> Un vague peut bien se croire libre de l'eau, elle reste partie intégrante de la mer. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant a la sexualité, elle n'est qu'une face de la pièce de monnaie. L'inconscient freudien et l'inconscient jungien se complètent. La Réalité est donc double et nous pouvons en observer les effets : plein-vide, jour-nuit, soleil-lune, conscient-inconscient etc...
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