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DEMOCRITE, atomiste dérouté

13 octobre 2024

L'adulte et l'enfant

 

 

J’avais été interpelé, il y a fort longtemps, par cette formule de Bernard Defrance, professeur de philosophie, qui interrogeait à l’époque les violences institutionnelles invisibles dans l’école : « l’adulte est celui qui a compris qu’il ne le sera jamais véritablement ». Par là, il me semblait rappeler combien cette position psychologique et sociale - l’adulte, contient en elle-même sa propre négation, un peu comme dans la formule de Démocrite reprise par Socrate, « je ne sais qu’une chose c’est que je ne sais rien ». L’adulte véritable serait ainsi en possession d’un savoir sur lui-même lui interdisant de s’affirmer comme être accompli, de s'identifier à sa définition supposée. En latin « adultus » signifie « qui a fini de grandir », « qui a accompli sa croissance ». La racine est intéressante puisqu’elle marque la hauteur : « altus ». L’adulte est celui qui s’est élevé là ou l’adolescent (adolescens) lui est « en train de grandir ».

Si nous nous en tenons à l’aspect de la croissance physique, du développement corporel, cette définition paraît valide quoiqu’elle poserait problème pour le quatrième âge dont le processus de croissance s’inverse. 

 

En réalité, la position adulte devient problématique dès qu’on se place sur le terrain psychique et sur le plan des facultés. C’est là que les choses se compliquent. Ces derniers jours, à la suite d’expériences relationnelles fortes, je me suis rappelé cette maxime de La Bruyère issue des Caractères : « Les enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés ; ils rient et pleurent facilement ; ils ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets ; ils ne veulent point souffrir de mal, et aiment à en faire : ils sont déjà des hommes. » Le moraliste souligne avec une puissance sans pareille l’unité du genre humain inscrivant l’enfance dans le monde des hommes, comme dans celui des adultes. En y réfléchissant plus avant, il m’est apparu évident qu’il fallait inverser la proposition de la Bruyère : les adultes sont hautains, dédaigneux, colères, menteurs, dissimulés… ; ils ne veulent point souffrir de mal et aiment à en faire : ce sont des enfants.  Sans doute, cela permet-il de mieux comprendre la formule qui a initié cet article. Qui donc, en effet, pourrait, dans ces conditions, se prévaloir d'être adulte ?

 

L’adulte ne serait-il pas la fiction que tous se racontent pour échapper à leur condition native, à l’enfant qui, en eux « ne parle pas » comme le rappelle l’étymologie (in-fans) mais qui agit par caprice sous l’impulsion de désirs, de tendances, de penchants marqués par l’immédiateté et l’urgence d’une satisfaction ? Qui a véritablement le pouvoir en soi ? Celui qui parle, usant du logos et des facultés de raison ou celui qui, caché dans l’ombre d’un négatif tout puissant, impose ses diableries et sa duplicité ? C’est bien dans ce refus comme dans l’impossibilité de la parole que se niche la dimension de l’inconscient et des pulsions fondamentales comme l’a si bien montré Freud, dans les traits les plus inavouables de la personnalité indomptable rétive à toute domestication réelle. Nous saisissons ici le rôle primordial de l’éducation condamnée le plus souvent à échouer à imposer la castration, c’est-à-dire les limites de la toute puissance imaginaire dont l'enfant se croit investi.

 

Bien sûr, ce dernier finit par parler, par entrer sous la contrainte dans l’ordre symbolique qu’il introjecte plus ou moins bien. Mais, sa croissance psycho-affective demeure connectée à la réalité hors-langage de la pulsion quoiqu’il la déguise à l’âge adulte sous les oripeaux de la culture et des titres.

Le professeur croit en avoir fini de ses abjections, de ses fantasmes, de sa violence d’enfant tout en usant de la norme pour noter, classer, humilier celui qu’il a en face de lui et qui doit bien lui rappeler quelque chose.

Ou le juriste, le juge, l’avocat qui, tout en rappelant le droit pour autrui prend un malin plaisir à infliger la rigueur de la loi aux délinquants dont il a la charge, tout en s'autorisant dans la sphère privée des comportements contrevenant aux principes élémentaires qui fondent l’intersubjectivité, avec par exemple, une incapacité stupéfiante à se reconnaître comme l'auteur de ses propres actes.

Ou le prétendu philosophe qui, ayant des réponses sur toutes choses, donnant des leçons à tout le monde, se révèle inapte à interroger sa suffisance, son crétinisme, ses propres failles.

Ou les politiciens qui, tout en profitant d’un système qui les protège et les avantage grassement, décident  de lois scélérates pour les populations les plus précarisées, sur les gens d’en-bas, les « prolétaires » - étymologiquement ceux qui ne sont pas « hauts », « citoyens de la dernière classe », et qu’il faut considérer comme des enfants ignorants en usant d’un sadisme institutionnel obscène. Où sont les adultes ? Où sont les enfants ? Ne sont-ils pas précisément les mêmes mais autrement ?

 

L’adulte est ainsi un être divisé voire clivé ou pire dissocié entre le symbolique et le désordre pulsionnel. La division marque l’état névrotique, le clivage faisant signe davantage du côté de la perversion, tandis que la dissociation relèverait de la psychose.

 

Qu’est-ce donc qu’un adulte ? Sans doute, la plupart du temps, un enfant qui n’a pas grandi, qui se déguise sous l’armature des conventions, qui se dissimule et impose plus ou moins discrètement le régime de ses passions imaginaires, sa quête de pouvoir sans limite, son obsession d'être le plus fort, le plus haut, naviguant sur une crête fantasmatique comme comme font tous les narcissiques de ce monde, ceux que j'ai baptisé les "crétins".

 

Il en faut du travail psychique pour pactiser avec l’enfant qu’on fut (confus) et qu’on demeure, pour regarder en face son avidité et sa cruauté, sa jalousie et ses peurs. Mais vient un jour où il devient possible de devenir l'ami et même le protecteur de celui qui fut dans sa première vie, insécure et tellement faible, le solliciteur des ressources dont l’enfant est aussi porteur pour que l’adulte réconcilié sache que sont déposés en lui tous les âges de sa vie et qu’il y aurait folie à le nier. L’adulte est bien celui qui a compris qu’il ne peut jamais l’être tout à fait et que cela l’oblige à l’égard des enfants de ce monde, comme à l’égard de son propre enfant intérieur. L'adulte, à défaut d'être élevé comme il le croit trop souvent dans sa sourde ignorance doit reconnaître qu'il est encore un élève, celui dont la véritable croissance est infinie. Sans doute est-ce là la condition pour entrer dans une relation interhumaine, dans des relations d'amour et d'amitié qui surmontent en partie ce que Hobbes, cet autre philosophe du XVIIè siècle, appelait en son temps "l'état de nature". 

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22 mai 2024

Avis aux infortunés : Exercice philosophique de la marche le 29 mai

Pour ceux qui, désemparés, esseulés et sans boussole dans l'existence se demandent comment faire de leur rapport à la Nature, de leurs incursions vers les hauteurs, un itinéraire vivant et vibratoire, une séance de rattrapage relatif à l'exercice philosophique de la marche (en montagne) est prévue mercredi prochain le 29 mai à la Maison de la montagne, Cité des Pyrénées (29 bis rue Berlioz à Pau) dans le café de la Coulée douce au rez-de-chaussée à 18H.

J'y reprendrai les grands enjeux évoqués dans le précédent message. La discussion avec le public pourra alors s'engager sur le fil de l'arête, à la lisière du réel, au bord de l'abîme ou se noie toute vérité.

29 février 2024

L'Exercice philosophique de la marche en montagne

Image Démokrite - Non libre de droits

Avis à tous les Déroutés de ce monde aussi improbables que l'existence de cette interface : J'aurai le plaisir d'intervenir publiquement Mercredi 6 mars, à 18h45, dans ce lieu propice à la méditation chez Karine - Danser sous la plume, à Pau. J'y présenterai l'exercice philosophique de la marche.

Après avoir distingué différents types de marche, il s’agira d’emprunter des "chemins de féconde déroute" pour interroger ce que cette pratique philo-esthétique a de singulier, en quoi elle mène l’esprit vers l’originaire d’une sauvagerie qui est l’autre nom du refoulé humain. Marcher vers les sommets est un étrange parcours initiatique qui délivre l’homme de la pesanteur de ses habitudes, de la fatigue de son regard, propulsant la pensée à l’air libre, là où comme le remarque Nietzsche, «même les chemins se font plus méditatifs ». Peut-être découvrirons-nous que toute marche authentique marche peu ou prou à reculons. Se délestant de son passé, l’esthète-montagnard s’affranchit par la pente de sa propre gravité. Et parvenu sur les cimes, au bord d’une solitude radicale, lorsque mille perspectives surgissent et que la plaine semble noyée dans un tissu de brumes, c'est l’idée même de ce qu’on appelle imprudemment... la réalité qui s’en trouve renversée par l’altitude. Cet exercice de la marche est l’autre nom d’une «philosophie de l’esprit libre ».

Image de Démokrite non libre de droits

14 janvier 2024

Une année de ré-jouissance

Lac d'Aestens 13 01 24 bis

Lac d'Estaens - Haute vallée d'Aspe - Démokrite

 

2024  

I) Que puis-je me souhaiter ? Rien.

Ce n'est pas en termes de souhaits, de voeux ou d'espoirs que j'entends aborder cette année nouvelle. D'ailleurs, nouvelle, l'est-elle ? Qu'est-ce qui change avec ce chiffre qui fait nos conventions ? J'ai repris mes cours en invitant mes élèves à espérer moins, à souhaiter moins et à agir mieux ou plus intelligemment. C'est qu'à mieux y voir, espérer est une façon de s'en remettre entièrement à la fortune, à s'abandonner aux causes extérieures sans penser sa propre puissance, son énergie vitale, ce dynamisme inconnu qui nous propulse au-delà de nous-mêmes. Spinoza fait remarquer à juste titre que l'espoir est une passion triste, un désir soumis à l'imagination qui empêche d'agir par l'impuissance qui le caractérise. Qu'est-ce qu'espérer sinon faire le constat qu'on ignore ce qui va se passer, qu'on est incapable de faire face à l'aléatoire, qu'on ne peut nullement jouir de ce désir inactif dans son essence ? Qu'importe d'espérer réussir le baccalauréat, ou son orientation, ou encore rencontrer une femme ou un homme intéressant(e), ou s'arracher à sa misère existentielle, ou se débarraser de son angoisse ! C'est dans la mise en oeuvre d'un désir actif dans l'étude, dans le déploiement effectif de nouvelles conditions de rencontres, dans le travail thérapeutique, dans l'introspection réflexive relative à sa situation dans le monde que ces choses deviennent possibles et pas seulement souhaitables. Je leur indique ici un changement de polarité, la passivité des voeux convertie en puissance active et voilà que bien des choses deviennent possibles ! S'enferrer dans l'espoir maintient l'individu dans ce qui creuse un irrémédiable écart entre soi et soi-même et c'est ainsi que Pascal dans ses Pensées note dans une formule aussi ramassée que percutante, "nous espérons de vivre, nous ne vivons jamais". 

Gavarnie Mt Perdu bis

Mont perdu et Marboré - Démokrite

II) Aimer ? Un rapport de vérité

Je n'ai pas trouvé de meilleure définition de l'amour que celle de Spinoza dans l'Ethique. "L'amour est la joie qui accompagne l'idée d'une cause extérieure". Cette définition est d'abord liée à un constat anthropologique. L'homme n'est ni un Dieu ni un pur animal. Il n'est pas autosuffisant comme le sont les dieux épicuriens ni déterminé par le pouvoir de l'instinct pour se débrouiller seul. A cet égard, il souffre d'un manque à être ou d'une insuffisance constitutive qui fait dire au philosophe dans le Court traité "qu'en raison de la faiblesse de notre nature, sans quelque chose dont nous jouissons et qui soit uni à nous et nous fortifie, nous ne pourrions pas exister." C'est bien dans un rapport à autre chose que soi que l'amour prend place comme possibilité de joie. Mais loin de s'en remettre à un état de fait, l'amour est d'abord un acte mobilisateur du désir. A quelles conditions le désir du sujet peut-il rencontrer autre chose que soi et partant, le désir de l'autre ? C'est là qu'il faut se garder des simplifications outrancières et des poncifs dégoulinants lorsqu'on parle de cette affection particulière. Il n'y a pas d'amour sans travail psychique. Il n'y a pas d'amour sans inscription en soi d'une altérité fondamentale. C'est pourquoi, Spinoza insiste tant sur l'effort pour s'arracher aux passions qui aliènent le désir en le retournant en haine, en tristesse, en ressentiment, en hargne déguisée. L'amour n'est pas une donnée ; il est à accomplir dans la mutation intérieure du sujet qui doit se réconcilier avec sa propre haine, avec son ressentiment et sa tristesse, avec la désidéalisation qu'impose tout amour actif véritable. En termes analytiques, l'amour ne va pas sans une traversée du fantasme, sans la rencontre avec cette part maudite de soi que nous avons refoulée et qui interdit toute relation active à un autre qui n'est pas d'emblée un sujet mais un objet sur lequel se projettent nos passions inentendues. Spinoza a lu Hobbes. S'il lui reprend certainement le "conatus", cet effort qui caractérise le désir, c'est d'abord pour le situer dans un travail du négatif dont la logique de la reconnaissance présente chez le penseur anglais est le symptôme commun à surmonter. Comment se libérer de l'emprise qui fixe le désir au désir d'un autre jamais reconnu comme tel ? Les failles narcissiques ne se comblent jamais sans effort. Bien des sujets sont incapables de produire ce travail introspectif si difficile tant la revisitation d'une histoire infantile ramène le psychisme à ce qui le terrorise. Alors, les voilà condamnés à la haine rentrée, à l'échec réitéré captif d'une structure aussi rigide que défensive, donc agressive. L'amour qui se fait d'abord en soi est un rapport de vérité qu'on tisse avec soi-même dans la découverte de cette part sombre qu'on peut apprendre à reconnaître puis à aimer. C'est à cette condition qu'il devient possible de se réjouir de sa propre existence et partant, de celle de l'autre. Alors commence une aventure qui fait d'une rencontre une expérience de vérité aussi active que partagée lorsque cet autre a produit un effort analogue, ce qui est, reconnaissons-le, assez rare.

13 01 24

 

Hauteurs du cirque de Lescun - Démokrite

 

III) D'une jouissance inattendue

Je me souviens de cet ami cher qui, après sa séparation avec celle qui fut son épouse pendant de longues années, avait formulé son nouvel état de béatitude d'une façon insolite : "je me jouis!" disait-il en contemplant depuis son petit appartement la chaîne des Pyrénées. Il avait rompu sa chaîne maritale et éprouvait une joie intense dans ce clinamen qui l'avait arraché à ce qui semblait faire destin. Etre à soi-même sa jouissance dans un présent qui rassemble la congruence du sujet. Voilà un beau programme pour l'année. Il y a dans cette expérience de la jouissance un acte de séparation avec une histoire aussi lourde qu'aliénante. En renonçant à la jouissance pathologique et masochiste, il accède à une autre forme de jouissance aussi puissante que libératrice.

 Pour l'heure, je me ré-jouis à l'idée de déployer ma puissance dans la rencontre avec le corps inaudible de la montagne, cette étrangeté qui fait signe vers un silence réconcilié, ce qui me semble, en fait, tout à fait satisfaisant et bien plus stimulant que cette misère qui condamne tant de mes contemporains à leur vide intérieur.

21 novembre 2023

De l'inauthentique en philosophie

 Qu'est-ce qu'être authentique ou inauthentique ? | Psychomédia

      Je me suis toujours méfié de ceux ou de celles qui usent des philosophes, des références ou d'un jargon pour alimenter une réflexion dans une conversation. Cet usage peut masquer des mobiles fort éloignés du souci de la vérité qui fait l'esprit philosophique. Bien souvent, ce qui est à l'oeuvre ne consiste pas à montrer seulement qu'on sait et à exercer par là une forme de pouvoir hypnotique sur l'autre mais aussi à se donner une contenance pour dissimuler sa propre caducité intérieure. Je me souviens de cette professeure des universités traitant de "l'effacement de la subjectivité" et passant ses heures de cours à citer Aristote, Descartes, Spinoza et Kant comme un catalogue de prestige. J'étais intervenu devant des étudiants effarés en lui demandant ce qu'elle pensait, elle, du sujet dont elle traitait sans disparaître derrière un paravent bien commode. Il est si confortable de tenir précisément sa propre subjectivité à l'abri sous la houlette des figures tutélaires tout en croyant philosopher soi-même.

      Je me souviens aussi de cette autre femme toxique pouvant citer Hobbes et son analyse anthropologique des passions tout en étant elle-même intimement convaincue de n'avoir jamais éprouvé aucune haine pour personne, dans un clivage aussi retentissant qu'ignoré ; ou mobilisant Heidegger et l'inauthentique du "on" tout en se drapant dans un "faux-self", dans une image par laquelle elle exprimait l'exact inverse des propos tenus. Je l'entends encore déblatérer sur l'intersubjectivité chez Merleau-Ponty ou la crise chez Hannah Arendt, autant de concepts d'autant mieux maîtrisés abstraitement qu'ils étaient totalement décorélés de l'expérience existentielle réelle. Ces attitudes sont remarquables par la stratégie d'évitement et de fuite qu'elles mobilisent pour plaire, séduire et se donner une consistance hallucinée sous le regard de l'autre.

 Quel point commun y a-t-il entre ces deux types psychologiques sinon une position de faiblesse et de minorité vis-à-vis de ce qu'il faut appeler le grand Autre ? Citer Kant ou Heidegger peut ici se comprendre comme un processus d'appropriation par lequel le  moi tente de se constituer lui-même dans un rapport défaillant à l'autre. Il faudrait faire parler cette défaillance pour entendre ce qu'elle a à dire d'une faille narcissique archaïque comme de la subjectivité réelle dont on peut se demander si elle n'est pas en friche. Nous reconnaissons ici la théorie du ruissellement en termes d'économie psychique. Tout fonctionne comme si les philosophes permettaient de se saisir de l'autre comme d'une nourriture narcissique potentielle dans le but de combler son propre vide intérieur.

Nous voyons bien que la philosophie a bon dos. Mais elle a aussi bon dos lorsque par elle on croit échapper à ses complexes d'infériorité, à ses incapacités personnelles, aux trous qui agitent son âme depuis si longtemps dans un tourbillon incompréhensible. Mobiliser des philosophes permet de déjouer en apparence son propre négatif et de se persuader qu'on a ainsi une "valeur" à ses propres yeux. Nos chercheurs de sagesse sont donc psychiquement des bouche-trous.

Ils participent dans de nombreuses structurations psychiques de mécanismes de défense du moi qu'on appellera "l'intellectualisation", le "clivage" et le "déni". Le drame de ces organisations mentales est qu'elles détruisent sur le fond le sens même du philosopher. Car philosopher implique le sujet dans son "dire", dans une expression nourrie d'une impression intérieure devant être reconnue pour ce qu'elle est. C'est ce que j'appelle depuis un moment, ce travail du négatif par lequel je peux entendre par devers moi ce qui se dit dans les plis de ma propre parole. Mais ce travail ne va pas sans la reconnaissance de son négatif, de la dynamique des pulsions à l'oeuvre et des passions qui en découlent.

La psychanalyse est en ce sens un excellent moyen d'entendre par la troisième oreille ce que le corps peut rendre audible par effraction. Celui qui fait ce travail sent, s'il a développé ce flair intérieur, tous les stratagèmes d'évitement chez l'autre parce qu'il a fini par les reconnaître en lui-même. Cette visibilité, cette fragrance, cette onde imperceptible pour celui qui se terre dans le conscient et ses représentations, devient de plus en plus sensible, envahissante, bruyante pour l'initié au chaos des profondeurs. Ce parasitisme qui vient perturber toute relation pose la question de ce qui peut réellement se partager, se communiquer. Pour paraphraser Nietzsche, "ça pense" ou plutôt ça communique à un endroit qui n'est jamais celui qu'on croit. Ce que nous avons alors en partage, ne serait-ce pas étrangement l'incommunicable ? 

Il est difficile d'être dans une relation profonde avec des personnes qui ne font pas ce travail introspectif car la superficie est leur seul horizon. Leurs perspectives demeurent captives de la représentation, c'est-à-dire de l'imaginaire dont le moi se nourrit et contre quoi il entend résister, à savoir le caractère intempestif de la tectonique, là où grouillent les impulsions les plus riches et les plus inavouables. Aucune philosophie n'y changerait quoi que ce soit !

Il conviendrait de distinguer ici le moi et le sujet. Si le premier reste sous l'empire des images et du narcissisme, donc d'une hétéronomie fondamentale, le sujet se reconnaît en ce qu'il se découvre tout en se voilant sur le plan symbolique (car il est "un trou dans le savoir"), dans l'expression d'un désir marqué par la castration, par l'essentielle séparation qui le ramène à son territoire psychique propre, autrement dit à ses propres limites. C'est la condition par laquelle le réel peut être pensé à défaut d'être clairement connu. C'est aussi la condition par laquelle le philosopher n'est pas qu'un jeu de dupes faisant de la vérité une exigence pour soi-même.

Car se référer à Spinoza, Schopenhauer ou Nietzsche ne constitue pas en soi un geste philosophique s'il ne s'accompagne pas d'une authentique et sérieuse implication dans la reconnaissance pour soi-même de ses motivations cachées, sans quoi ces figures censées libérer l'esprit ne feront que le maintenir dans un assujettissement aussi réel, aussi pathétique que méconnu.

Comme quoi, la philosophie n'existe pas, n'existe en vérité que le "philosopher".

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18 septembre 2023

Les saisons de la perversion narcissique

Perversion Banque de photographies et d'images à haute résolution - Alamy       

      L’été s’achève avec les premières tempêtes automnales qui marquent l’approche de l’équinoxe. Il m’aura enseigné la signification et le mécanisme de la pathologie narcissique qu’est la perversion. On doit à la psychanalyse et à Paul-Claude Racamier en particulier d’avoir identifié et défini cette maladie mentale qui oscille entre névrose et psychose. 

      Pour ma part, je l’ai vue à l’oeuvre d’assez près et suffisamment longtemps ; je l’ai à ce point reniflée chez l’autre pour me rendre compte des enjeux assez fascinants -et délétères, qu’elle contient et manifeste. Ce n’est pas pour rien que le cinéma et les séries se sont engouffrées dans cet inépuisable filon de la perversion narcissique. C’est qu’elle est incroyablement révélatrice des failles qui secouent la structure sociale et les enjeux liés à l’image de soi dont certains sujets sont dramatiquement porteurs.

Le pervers qui peut être une perverse met en place un scénario particulièrement bien rodé et répétitif qui débute par la fixation sur un objet devenu "proie". Cet objet est tout sauf choisi au hasard. Il doit être narcissiquement intéressant c’est-à-dire rentable pour combler le vide qui le, la caractérise. Le pervers souffre d’un manque totale d’intériorité, d’une faille narcissique telle qu’il cherche à tout prix à se rassurer (« je suis une belle personne ») en absorbant l’énergie et la vitalité d’un autre qui possède des qualités d’empathie, d’hypersensibilité, d’aidant voire de sauveur. Le ou la perverse va donc se nourrir de cet autre dont Racamier constate d’ailleurs l’existence d’une blessure assez proche de celle du pervers mais produisant un comportement diamétralement opposé.

Une fois la proie repérée, la séduction entre en jeu et avec elle la promesse d’un temps particulièrement chaud, estival. C’est la période du love bombing, moment pendant lequel tout semble fusionner entre les deux individus. Sexualité torride et potentiellement débridée, voyages et autres expériences d’intimité qui passent par l’usage des mains : massages et autres techniques participent de cette manipulation qui fera l’emprise. Cependant, quelques éléments sont déjà étranges car cette sexualité est curieusement mécanique. Les baisers sont bizarrement froids comme s’il n’y avait personne sous la surface. 

Puis, un premier signe alarmant vient la percer : la jalousie pathologique. Le ou la perverse ne tolère aucun tiers et éprouve un péril grandiloquent et démesuré face à des autres devenus des rivaux susceptibles de lui arracher son objet. Car celui qu’il ou elle a choisi est à elle ou à lui. Pas question qu’on le, la lui dérobe ! Cette jalousie est dans le même temps le signe de la tyrannie des liens dont j’ai déjà parlé et que le pervers met en oeuvre par des comportements d’intrusion (fouiller le téléphone, les mails, contrôler les déplacements de l’autre, le surveiller, contacter ses amis etc.). Le ou la perverse est structurellement dans la défiance vis-à-vis de tout autre. C’est pourquoi il n’y a pas d’amour possible ni véritable chez une personnalité atteinte de ce trouble grave. 

A ce comportement s'ajoute la victimisation. L'objectif est de sensibiliser sa proie, d'activer chez la personne empathique des mécanismes de protection et de soutien. Et, dans cette période encore chaude de l’été, sa demande d’amour est formulée et se fait croissante : « Hé toi, dis-moi que tu m’aimes ! » « Je ne suis pas ton amour peut-être » ? C’est encore le début de la relation. Mais là aussi, les choses s’accélèrent au point que la demande se fasse de plus en plus envahissante et même insupportable pour l’autre. En réalité, cet autre n’est en rien concerné. Le mouvement exigé est totalement et exclusivement centripète. Le ou la perverse ne pense qu’à lui ou qu’à elle. L’autre, comme outil doit servir coûte que coûte son narcissisme défaillant. Il ou elle veut dans la confirmation de cet amour se remplir de ce qui lui fait défaut. 

 Il s’agit de créer les conditions d’une dépendance affective afin d’exploiter ensuite de toutes les façons possibles son objet et passer à la phase froide : la vengeance. Mais pas trop vite !

Rapidement, après le chaud, voilà l’automne et ses premières tempêtes. Un troisième signe fait alors son apparition : l’obsession de l’argent et la rentabilisation des situations. Le pervers crée une relation dissymétrique avec sa proie. Il se fait inviter mais n’invite pas ou très peu. Il veut recevoir des cadeaux mais lorsqu’il en fait, il compte tout et doit obtenir un remboursement. Il calcule tout et entend tout maîtriser. Economiser du chauffage, jouir d’une bonne connexion internet, profiter d’un lit douillet, d'un accès à Netflix ou à une autre plateforme, de provisions, d'amis généreux, sont des mobiles suffisants pour envahir l'autre et l'investir. Une fois l’accroche effectuée, le dénigrement s’installe et avec lui les mensonges, les humiliations méthodiquement mises en place. Les hommes et les femmes ne procèdent pas de la même manière sur ce plan, ces dernières sont infiniment plus sournoises que les hommes en la matière comme le révèlent les spécialistes du domaine. Si l’homme se montre potentiellement violent et direct (il est donc ici repérable), la femme use de stratégies doucereuses mais très progressives comme le fait de faire disparaître des cadeaux, d’user de mots dégradants mais subtilement et distillés de manière répétée, de faire des comparaisons avec d’autres anciens amants etc. 

Un autre point apparaît alors : l’incapacité de changement, de remise en question personnelle. Le pervers et la perverse sont emmurés dans des mécanismes de défense bétonnés. Rien ne bouge. La proie, empathique cherche à faire bouger les lignes mais elle se heurte à un mur, à une structure d’une impressionnante rigidité qui fait semblant d’écouter mais qui entend garder le contrôle.

Ce qui est également significatif est le vide de la pensée et l'absence de désir propre du ou de la perverse. Il et elle ne pensent pas vraiment mêmle s'ils sont capables de donner le change en maîtrisant l'art de la parole et même parfois des concepts philosophiques dont ils usent pour animer leur stratégie. Mais l'ensemble demeure coupé de leur réalité intime qui fait l'objet d'un profond clivage.

 Le point commun entre tous les pervers est de maintenir absolument une image de soi inattaquable extérieurement, ce qui permet au passage d’isoler la proie et de tenter de discréditer son témoignage auprès des autres et des amis communs. Les pervers sont socialement très intégrés donc difficilement repérables. Ils usent de « couvertures » pour se mettre narcissiquement à l’abri, intègrent des associations humanitaires, de défense de telle cause politique, environnementale afin d’échapper à tout jugement négatif les concernant. Ils se cachent derrière les valeurs morales qu’ils revendiquent mais qu’ils bafouent dans l’intimité : la justice, la protection de la nature, le bien commun etc. Ces couvertures ne sont que des apparences pour faire fonctionner leur comportement destructeur car chez eux, comme le note Racamier, « le mensonge réussi compte comme une vérité. » Le pervers et la perverse mentent dès que leur besoin est en jeu.

Le froid s’installe et avec lui l’hiver et ses stratégies de manipulation, de retournement. La vengeance se déploie car le pervers veut détruire son objet, exprimant par là, la haine qu’il a éprouvé pour ses parents qui lui ont fait subir des traumatismes infantiles souvent graves. Le pervers a donc, la plupart du temps, été victime de parents eux-mêmes pervers. Répétant les comportements violents de ces derniers, il se venge sur sa proie. Racamier fait ici remarquer combien cette personnalité est psychiquement et affectivement celle d’un ou d’une enfant de 5 ans dans un corps d’adulte. Sa maturité sur ce terrain est nulle et il ou elle se croit parfait(e) comme peut le croire un être qui n’a pas grandi.

Il est d’ailleurs remarquable de constater la réaction mimétique de la proie. A la défiance du pervers celui-là ou celle-là opposera sa propre défiance, contraint de se protéger. A la violence des humiliations, il ou elle se défendra par des comportements réactionnels qui mobilisent colère et ressentiment mais dans lesquels il ne peut pas se reconnaître car ce n’est pas son mode ordinaire de résolution des conflits. Le pervers et surtout la perverse sait fabriquer la colère chez l’autre pour ensuite l’accuser d’être à l’origine des conflits, par exemple en refusant de discuter, en retournant les arguments, en ne se remettant jamais en question, en usant comme on l’a vu de silences volontaires et négateurs de la réalité de l’autre. Mais là encore, un subtil dosage de la méchanceté est requis car il se pourrait bien que l’autre se rebiffe et fiche le camp. Le risque est grand. 

C’est pourquoi, dans sa folie, il va falloir très vite souffler à nouveau et soudainement le chaud. Un vent d’été venu du sud envahit les lieux glacés et tout semble à nouveau possible. La séduction se remet en place et le cirque recommence. Au chaud succède brutalement l’air des pôles brouillant le sens du message. La proie ne comprend pas ce qui se passe. Cette manipulation a pour but d’hypnotiser l’esprit critique, d’anesthésier son pouvoir de résistance. Chaud et froid deviennent des stratégies pour se venger de la manière la plus efficace possible en plongeant l’esprit de l’autre dans la confusion, le désarroi, oscillant sans cesse entre sentiment de culpabilité et agressivité à l’égard du manipulateur ou de la manipulatrice. La proie s’épuise petit à petit dans la relation jusqu’à ce que l’autre décide d’en changer en organisant le scénario qui permettra de se débarrasser de celui ou de celle qui désormais n’est plus suffisamment intéressant(e) pour nourrir son narcissisme et son portefeuille. Il faut dire que si la victime découvre sa perversion, le schéma s’effondre et avec lui la manipulation. Dans ce cas, le ou la perverse prend la fuite et change de lieu et de fréquentations pour recommencer ailleurs le même numéro. 

 Une nouvelle saison pointe, un printemps pour celui ou celle qui échappe à pareille organisation psychique. Même Racamier note pour lui-même quelque part qu’il vaut mieux ne pas trop rencontrer ce type de profil tant le danger est grand. C’est pourquoi, il est absolument nécessaire de diffuser autant que faire se peut les caractéristiques spécifiques de cette pathologie pas comme les autres dont les effets sont d’autant plus dévastateurs que leurs auteur(e)s sont socialement masqué(e)s et semblent extérieurement inoffensifs ou inoffensives. Mais sous l'apparence d'une sympathie, d'une gentillesse, d'une âme pure, couve une hargne qui faisait dire à Hobbes dans son Léviathan, combien "l'homme peut feindre d'aimer l'autre et, en réalité, le haïr secrètement." Le philosophe anglais avait déjà bien compris le fonctionnement de la perversion humaine.

21 août 2023

Eléments de vie

Etrange été parsemé de chaleur trouée de brumes éparses. Je vois défiler tout un passé d'images et de notes estivales lorsque dévalaient les cascades de Savoie depuis les terres glacées du monde d'en-haut.

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 La puissance de l'élément liquide, ma propre énergie rencontraient celle qui donnait à cette verticale son échelle, sa mesure mais aussi sa dé-mesure.

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Les villages, non loin du Léman avaient de l'allure et les Alpes se redressaient si vite qu'elles donnaient l'impression de traverser les nimbes féroces et de mener vers des cieux interdits, réservés aux divinités. C'était bien avant mon arrivée en Pyrénées. J'aimais la montagne, ses verticales verdoyantes, ces champs de pierres brutes et dures comme l'est le réel insoluble.

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Au loin, le Géant européen toisait la région de sa candeur figée par les glaces d'antan.

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Ces crêtes donnaient à méditer les grands espaces et les pieds foulaient un sol jonché d'herbes folles et de fleurs estivales. Cela sentait le foin ici ou là. 

 

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Mon regard se tournait déjà dans cette jeunesse à peine trentenaire vers les cimes du sud. J'aimais regarder vers le sud. Il me semblait qu'un essentiel s'y dessinait pour moi. J'ignorais alors qu'un jour, je finirais par rejoindre la frontière ibérique. Là, je marchais l'esprit clair et sans encombres.

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Je me souviens de ces cabanes perdues en pleine nature. Nous nous demandions alors avec ma Jolie de l'époque quels secrets elles pouvaient bien conserver, quelle mémoire s'était inscrite dans ces planches qui semblaient si précaires... existent-elles encore ? Nous vivions alors heureux et déroutés !

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Autre ambiance : la dune du Pilat il y a si longtemps. De là-haut, voltigeaient d'étranges ailes de couleurs et l'océan désertait des bancs de sable, loin devant...il faisait doux et le sable parlait d'amour et d'étreinte solaire.

 

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Et ma vie antérieure prenait aussi de la hauteur lorsque nous nous hissions au sommet de la grande roue pour jouir du panorama remarquable sur le vieux Lille et le beffroi ! 

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 Ma première vie, ma ville de l'Est, ma Cité de coeur, ma place des Lumières et en son centre l'Immortel Stanislas, roi de Pologne et gendre de Louis XV. Certes, l'hiver à l'époque, était redoutable -7 au meilleur moment de la journée, ce jour-là du moins.  Et nous allions nous réfugier dans les cafés qui cerclent la place éternelle ! 

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Paysage de Lorraine saisi dans la rigueur froissée et immobile de l'hiver: la Mortagne

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La lumière du sud et sa chaleur lorsque les cimes ibériques se détachent au loin.

 

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La fureur d'Okéanos à Biarritz au début de l'année 2010. Dans le vacarme et le grondement des lames du grand ouest résonnait la turbulence du désir.

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C'est bien l'âme d'enfant qu'il s'agit de faire vivre, celle qui virevolte et danse dans le ciel, ivre de sa puissance ignorée.

 

16 août 2023

Dans la tête d'un(e) pervers(e) narcissique

femme perverse narcissique     

     Puisque je me suis engagé dans une réflexion sur la perversion narcissique, j'ai trouvé cette vidéo particulièrement intéressante pour comprendre la nature de cette pathologie vraiment pas commes les autres. Il me faudra d'ailleurs faire une étude plus avancée sur le lien qui est spontanément articulé entre l'expression "pervers(e) narcissique" associée dans l'imaginaire commun à une forme de mal absolu et le plan psychique qui m'intéresse ici. Il est cependant évident que compte tenu de la configuration de cette structure qui est en réalité une personnalité, les conséquences morales peuvent être étudiées et ne sont pas à négliger tant elles peuvent faire du mal pour les personnes ciblées. Mais ce n'est pas ici mon approche car le ou la perverse est aussi une victime de son histoire infantile. Bien sûr, cela n'excuse en rien la nature des comportements moralement inadmissibles qu'ils ou elles mettent en oeuvre de manière très calculée et en fonction des circonstances comme la jalousie pathologique et intrusive, le mensonge, la manipulation, la victimisation systématique, le retournement (ce n'est pas moi c'est l'autre etc.), le port d'un masque lisse et toujours aimable en surface et en société, le refus du négatif le concernant, le sentiment de sa propre perfection, le dénigrement systématique de certaines personnes, l'art de bien parler pour séduire, le brouillage dans l'argumentation, le goût prononcé pour l'argent, la maison et tout objet investi phalliquement, le contrôle, etc. Bref, tout un arsenal comportemental qu'il est possible de repérer et qui dessine le profil de cette personnalité.

    J'invite les lecteurs et les lectrices improbables de ce blogue à écouter Antoine Peytavien qui sait de quoi il parle puisqu'il a été lui-même victime d'une perverse d'autant plus intégrée socialement que toxique subjectivement. Ce qui est d'ailleurs ici passionnant, c'est de quelle manière il s'appuie sur les textes de Paul-Claude Racamier, spécialiste reconnu de la question et de Sam Vaknin, écrivain israélien, lui-même pervers narcissique qui a confié dans ses ouvrages la façon dont il voit l'autre. C'est saisissant ! Et c'est d'ailleurs fort éclairant de constater qu'entre le ou la perverse et sa "victime", le lien est étrangement étroit même si leurs comportements diffèrent du tout au tout.

Passionnant, je le répète et dérangeant! 

26 juillet 2023

Partage

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Je ne résiste pas à l'édition de ce commentaire de Stéphane qui me fait vraiment chaud au coeur, un lecteur fidèle avec lequel nous partageons tant de choses dans notre rapport réciproque aux puissances de la Nature.

"Très cher Démocrite, 

Je ne suis pas venu depuis bien longtemps sur votre site déserté. Je ne voyais plus vos photos sur Flickr et je m’étais dit que peut-être vous aviez considéré ces témoignages comme vains. Ce jour, je ne sais quel besoin m’y a conduit et j’ai découvert avec surprise votre « retour ». J’ai lu vos derniers messages et je ne sais par quelle erreur de manipulation ou par quel cheminement logique je suis arrivé sur celui-ci sans me rendre compte qu’il s’agissait d’une réédition d’un post de 2015. Je le lisais donc sans savoir que je le relisais. Au fur et à mesure de ma lecture, j’étais de plus en plus transporté. Je continuais ma lecture par les commentaires et tombais avec stupeur sur le mien ! 

J’ai ressenti la même émotion, la même familiarité souterraine, la même vibration. 
Le monde est petit et surprenant. 
Je ne peux que réitérer mes propos sincères sur ce texte et son écho. Ma déroute entre terre et ciel sur les pentes du vivant continue. Elle m’offre encore des moments de grâce et je voudrais être plus léger pour pouvoir encore mieux et plus souvent les apprécier mais l’humanité est lourde et mon courage sans doute vacillant. L’homme, la femme repliés sur leurs blessures narcissiques se ferment devant ce spectacle incandescent, éblouissant. 
Continuez d’en profiter cher Démocrite, buvez de cette source vive et faites nous encore profiter de votre regard si aiguisé et éveillé. 
Je voulais aussi vous assurer de mon soutien suite à l’épreuve que vous avez traversée. 
Amitié.

 

20 juillet 2023

Philosopher : un commencement !

   Montanesa depuis Nerin_modifié-1

"J'étais étudiant lors de ce cours, assis au premier rang, et je vous écoutais prononcer des mots et citer des hommes qui porteraient ma pensée pendant les prochaines années de ma vie. A l'époque, c'était un bouleversement, quasiment un naufrage, j'avais l'impression de ne plus rien avoir, de ne plus rien être. Je me rappelle ne plus avoir réussi à parler de rien, pendant plusieurs jours. J'ai eu ce sentiment d'avoir été depuis toujours un acteur sur scène. Et que pour la première fois la lumière des projecteurs devenait moins aveuglante et me forçait à voir les choses telles qu'elles étaient, je ne vivais pas, je jouais. 
En lisant ce post, j'ai été surpris de voir que je me rappelais de chaque mot, chaque idée, de chaque prise de parole des étudiants de ma classe. C'est-à-dire à quel point ce cours a été spécial. 

Je ne saurais pas trouver les mots pour vous dire ce que vous avez apporté à ma vie. Je pense que c'est un effet papillon, et que la philosophie était un besoin, une méthode de pensée et de vivre qui serait indéniablement la source de mon bonheur et aussi la seule façon de supporter la vie d'adulte. Mais dans tout chemin il faut un départ, je crois que vous avez été le mien. Merci d'avoir été mon élan, et le randonneur que je suis aujourd'hui ressent une profonde gratitude quand il regarde en arrière 8 ans plus tard."

 Message reçu de Jainko, d'un ancien élève il y a trois jours et que je remercie vivement pour ce retour, bien des années après...

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