Philosophie : un déshabillage de la pensée
Si l'homme cherche le sens c'est que celui-ci le précède, le norme de tous côtés, le configure par-delà sa propre volonté et surtout antérieurement à elle. Nous sommes tous immergés dans la surcharge de sens. C'est pourquoi nous le cherchons. Le sens est donné par les autres, par la force invisible du groupe démultipliée en influences innombrables et cacophoniques. Le sens est l'expression pensée, formulée des désirs qui nous investissent et que nous projetons sur le monde, désirs stimulés par l'époque dans une hétéronomie aliénante. "Le besoin de sens est d'essence religieuse", remarque Freud. Et ce besoin est le fruit de nos peurs, de nos instincts grégaires.
Quelle place pour la philosophie ? Non pas ajouter du sens à cette pesanteur infinie mais en revenir à l'originaire, non pas la culture et ses funestes impasses identitaires ou économiques mais le réel comme source primordiale de la dépossession. La philosophie est d'abord un dépouillement (Diogène), un dénuement, un appauvrissement provisoire, un retour à la source insignifiante du réel. Bref, philosopher, c'est accepter un déshabillage de la pensée. De celui-ci découle l'exigence philosophique première : vivre en vérité et puiser ça et là, le maximum de joie.