Lumière silencieuse en val d'Ossau
Je reprends de la hauteur en gravissant quelques crêtes solitaires de la vallée d'Ossau. Il était temps ! Une Sibylle m'accompagne silencieusement. En marchant au soleil, les pieds dans les premières neiges de novembre, je sens la tonicité des éléments sur mon visage et mes mains.
Ma pensée ne s'agite pas, elle vagabonde, lascive, au gré d'un pas qui se hisse en dilettante sur la courbure d'un mont tranquille. Les cimes brillent dans la lumière étincelante du jour. Elles m'ont appris que la nature ne dit jamais rien. Elles m'ont éveillé à l'insignifiance étoilée du réel.
La plupart des philosophes sont sortis de leur sommeil dogmatique en lisant d'autres philosophes. Pour ma part, c'est en marchant que me sont venues les intuitions les plus fécondes. C'est en vagabondant des jours durant que la force des idées s'est déployée de manière ondulatoire dans une vitalité renouvelée, jusqu'à rencontrer l'évidence élémentaire de l'incommunicabilité.
Nous avons cru à une forme de perméabilité entre les êtres. Nous avons pensé sous le régime commun de la parole et nous nous sommes perdus dans les rets infatigables des signes. La pente a émoussé le dire, l'a raboté, limé, jusqu'à sa complète dislocation. Ne subsistèrent alors que les formes éparses d'un logos onirique traversé par la seule lumière.
Le monde s'est tu depuis longtemps.
La lumière suffit.
Une migration crépusculaire fera-t-elle chanter la Nature ?