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DEMOCRITE, atomiste dérouté
30 novembre 2015

Lumière silencieuse en val d'Ossau

 

Ondulation neigeuse au Soum de Grum

 

Je reprends de la hauteur en gravissant quelques crêtes solitaires de la vallée d'Ossau. Il était temps ! Une Sibylle m'accompagne silencieusement. En marchant au soleil, les pieds dans les premières neiges de novembre, je sens la tonicité des éléments sur mon visage et mes mains.

 

Polaire

 

Ma pensée ne s'agite pas, elle vagabonde, lascive, au gré d'un pas qui se hisse en dilettante sur la courbure d'un mont tranquille. Les cimes brillent dans la lumière étincelante du jour. Elles m'ont appris que la nature ne dit jamais rien. Elles m'ont éveillé à l'insignifiance étoilée du réel.

 

Pic de Ger

 

La plupart des philosophes sont sortis de leur sommeil dogmatique en lisant d'autres philosophes. Pour ma part, c'est en marchant que me sont venues les intuitions les plus fécondes. C'est en vagabondant des jours durant que la force des idées s'est déployée de manière ondulatoire dans une vitalité renouvelée, jusqu'à rencontrer l'évidence élémentaire de l'incommunicabilité. 

 

Latte de Bazen

 

Nous avons cru à une forme de perméabilité entre les êtres. Nous avons pensé sous le régime commun de la parole et nous nous sommes perdus dans les rets infatigables des signes. La pente a émoussé le dire, l'a raboté, limé, jusqu'à sa complète dislocation. Ne subsistèrent alors que les formes éparses d'un logos onirique traversé par la seule lumière. 

 

Les Gabizos

 

Le monde s'est tu depuis longtemps.   

 

Ondulation

 

La lumière suffit.

 

Etranges Gabizos

 

 Une migration crépusculaire fera-t-elle chanter la Nature ?

 

Migration

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Commentaires
E
Je trouve la dernière photo très belle. Le ciel semble répondre à votre dernière question par quelques points de suspension...
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D
Si je suis convaincu que le fond d'une expérience demeure incommunicable, il n'en reste pas moins que les intensités rendues par l'image et parfois par le texte constituent de puissantes stimulations. Ce que vous écrivez là, cher Stéphane, en témoigne. Nous nous tenons à la lisière du langage, dans ce qui se joue dans l'infrastructure sensible de la psyché et du corps.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais il y a autre chose dans votre témoignage, c'est la place déterminante d'une mémoire dynamique, d'une "réminiscence active" pour parler comme Epicure. Se souvenir de ces intensités vécues est une formidable ressource. De même que savoir que d'autres traversent les espaces inviolés que nous avons jadis parcourus nous rappelle à notre vitalité, à nos possibilités d'ouverture au Réel, ou pour le dire autrement, au sens métaphysique de la Nature.<br /> <br /> Bien à vous
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S
Bonjour cher Démocrite,<br /> <br /> <br /> <br /> Tout est déjà dit dans le titre "lumière silencieuse" et vos photos font le reste, sans oublier le texte. La première photo en noir et blanc m'a rappelé une marche silencieuse sur un glacier des Hautes Alpes. J'avais le Pelvoux, la Barre des Ecrins à ma gauche, je ressentais pour la première fois l'ivresse des cimes où silence, lumière, apesanteur, élévation m'enveloppaient et me gonflaient la poitrine. C'était il y a plus de vingt ans. Ce souvenir est encore présent même si sa force s'est étiolée. Récemment un philosophe que j'apprécie me disait : "Je ne pourrais peut-être pas me rendre en cet endroit (le lac Majeur en l'occurence) mais le fait de savoir que des personnes, plus ou moins proches ( plus que moins, au moins par l'esprit) y sont allés et me rendent compte de sa beauté me console déjà beaucoup.". En vous lisant, je ne saurais mieux dire.<br /> <br /> Avec mon amitié,
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M
Sublime. Je viens d'abandonner ma voiture dans les bouchons...j'arrive!<br /> <br /> La marche révèle tant de belles choses, même au Septentrion.<br /> <br /> La preuve par ici.<br /> <br /> Instagram, pseudo: maxl5900
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D
De la fertilité du scepticisme.
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D
Merci chers Amis ; vos mots me touchent. Dans ma vie antérieure, coincé au septentrion, je rêvais de ces montagnes, de ces retraits possibles hors des mondanités pour retrouver l'antique condition de l'homme confronté à l'altérité radicale de la nature. <br /> <br /> J'ai rencontré ici, sur le piémont pyrénéen, une part de ma sauvagerie oubliée et le réel inaudible, ces deux choses sans lesquelles aucun sentiment esthétique ne peut véritablement germer.<br /> <br /> Et je me réjouis que ces expériences puissent faire simplement écho.
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J
C'est très beau et je vous remercie.<br /> <br /> Voilà, je retourne au silence.
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S
Quel bel hommage photographique, mieux, d’esthète à ces montagnes mon cher Démocrite. Le silence est le plus beau des passeurs. Vos photos nous invitent à poser un autre regard sur la montagne, elle devient terriblement vivante. <br /> <br /> Sur ces pentes pyrénéennes sommeillait une rivière blanche, douce et satinée qui acceptait volontiers la légèreté des pas. <br /> <br /> Tantôt je me plaisais à observer l’étonnante acuité d’un regard si bleu qu’il se confondait presque avec l’azur. La poésie de l’image était probablement en cours de RE-FLEX-ion. Surgissent des instants uniques, incroyables où bien avant les derniers éclats du soleil, tout univers devient aérien. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour cette invitation à la méditation, au lâcher prise, à ce nectar de l’abandon.
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L
Merci, pour toutes ces beautés, pour les pensées et l’émotion qu’elles font naitre. Le temps de la lecture et de la relecture de votre billet, je n’étais plus au travail où je viens d’arriver après avoir contourné Nantes par son périphérique saturé. Que fais-je ici ? Parfois dans la journée je m’évaderai sur vos montagnes.
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