Orient

Démocrite le rieur à L. le chercheur, Salut

J'envie ces possibles escapades vers des altitudes où le sentiment d'exister se fait plus clair et plus vivace. Au-delà de la pyramide du Mont Valier, commencent les Sierras aragonaises à l'ouest et les hauteurs pelées de la grande Catalogne. Ces parfums d'Espagne enivrent le pas du marcheur qui découvre, subjugué, que la beauté est sans frontière et que la véritable identité est sans attache. Mais toute cette prose doit te sembler bien abstraite tant tes préoccupations plongent actuellement dans la necessité du quotidien.
   En ce qui me concerne, j'ai jeté l'ancre dans l'ancienne Ionie, dans ce monde d'Orient qu'un certain Alexandre (le Grand)  baptisa jadis Asie mineure. C'est à Kuçadasi, dans l'actuelle Turquie, que j'ai retrouvé les racines les plus anciennes de notre civilisation occidentale et l'esprit matériel des grands sages antiques. Huit jours et huit nuits de déambulations jubilatoires sur les bords de l'Egée (et dans son eau tiède) pour croiser le chemin d'Héraclite l'obscur à Ephèse, de Thalès (le géomètre et le premier météorologue qui tomba dans un puits alors qu'il contemplait le ciel d'un oeil étonné, sous les risées de sa servante) et d'Anaximandre à Milet, de Pythagore et de mon trés cher ami Epicure sur l'Ile greque de Samos à quelques encablures de la côte et d'Alexandre lui-même qui fit inscrire dans la pierre brute du temple d'Apollon à Didymes, la légende d'Achille (mi-Dieu mi-homme) c'est-à-dire sa propre légende !

Quel parcours que ce voyage ! On comprend mieux pourquoi les Ottomans se sont tournés immanquablement vers l'Ouest et le monde de méditerranée. Mais, dans ces contrées, pas si lointaines, c'est aussi l'Orient fécond qui pointe avec ses routes improbables et ses pensées obscures. La Turquie concentre dans son histoire les sédiments les plus riches de notre monde, de notre culture, mais aussi le fracas des guerres incessantes et des invasions successives, la folie des hommes et leur désir d'empire !
Je suis revenu plus éveillé et plus enclin à jouir des voyages. Ce périple a accru ma puissance d'agir (pour parler comme Spinoza qui avait (décidément) raison. De fait, la reprise s'est bien passée, avec un sentiment neuf de relativité décontractée 8-)   qui me pousse à me réjouir de mes futures pérégrinations extraterritoriales. La grèce, peut-être en avril et pourquoi pas une nouvelle incursion dans l'immensité saharienne de Libye en février. Vois, Ami, je ne manque ni d'ambition ni de projet !

Porte-toi bien