Eléments de vie
Etrange été parsemé de chaleur trouée de brumes éparses. Je vois défiler tout un passé d'images et de notes estivales lorsque dévalaient les cascades de Savoie depuis les terres glacées du monde d'en-haut.
La puissance de l'élément liquide, ma propre énergie rencontraient celle qui donnait à cette verticale son échelle, sa mesure mais aussi sa dé-mesure.
Les villages, non loin du Léman avaient de l'allure et les Alpes se redressaient si vite qu'elles donnaient l'impression de traverser les nimbes féroces et de mener vers des cieux interdits, réservés aux divinités. C'était bien avant mon arrivée en Pyrénées. J'aimais la montagne, ses verticales verdoyantes, ces champs de pierres brutes et dures comme l'est le réel insoluble.
Au loin, le Géant européen toisait la région de sa candeur figée par les glaces d'antan.
Ces crêtes donnaient à méditer les grands espaces et les pieds foulaient un sol jonché d'herbes folles et de fleurs estivales. Cela sentait le foin ici ou là.
Mon regard se tournait déjà dans cette jeunesse à peine trentenaire vers les cimes du sud. J'aimais regarder vers le sud. Il me semblait qu'un essentiel s'y dessinait pour moi. J'ignorais alors qu'un jour, je finirais par rejoindre la frontière ibérique. Là, je marchais l'esprit clair et sans encombres.
Je me souviens de ces cabanes perdues en pleine nature. Nous nous demandions alors avec ma Jolie de l'époque quels secrets elles pouvaient bien conserver, quelle mémoire s'était inscrite dans ces planches qui semblaient si précaires... existent-elles encore ? Nous vivions alors heureux et déroutés !
Autre ambiance : la dune du Pilat il y a si longtemps. De là-haut, voltigeaient d'étranges ailes de couleurs et l'océan désertait des bancs de sable, loin devant...il faisait doux et le sable parlait d'amour et d'étreinte solaire.
Et ma vie antérieure prenait aussi de la hauteur lorsque nous nous hissions au sommet de la grande roue pour jouir du panorama remarquable sur le vieux Lille et le beffroi !
Ma première vie, ma ville de l'Est, ma Cité de coeur, ma place des Lumières et en son centre l'Immortel Stanislas, roi de Pologne et gendre de Louis XV. Certes, l'hiver à l'époque, était redoutable -7 au meilleur moment de la journée, ce jour-là du moins. Et nous allions nous réfugier dans les cafés qui cerclent la place éternelle !
Paysage de Lorraine saisi dans la rigueur froissée et immobile de l'hiver: la Mortagne
La lumière du sud et sa chaleur lorsque les cimes ibériques se détachent au loin.
La fureur d'Okéanos à Biarritz au début de l'année 2010. Dans le vacarme et le grondement des lames du grand ouest résonnait la turbulence du désir.
C'est bien l'âme d'enfant qu'il s'agit de faire vivre, celle qui virevolte et danse dans le ciel, ivre de sa puissance ignorée.