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DEMOCRITE, atomiste dérouté
21 novembre 2012

La nature du philosopher : l'exigence de vérité

     

        Texte extrait du sens de la philosophie, Marcel Conche

 

       Dans un très beau texte - Le sens de la philosophie -  Marcel Conche note que la définition ordinaire du philosophe, celui qui aime ou désire la sagesse, est ambiguë et même vague, car rien ne la distingue de celle du sage. Le premier désire quelque chose qu'il ne possède pas, alors que le second désire ce quelque chose qu'il a (si toutefois la sagesse se possède) et qu'il éprouve déjà. Or, ces deux attitudes face à la vie ne sont pas nécessairement concordantes et bien souvent ne se recouvrent pas. On peut vivre une sagesse sans philosopher. On peut philosopher sans vivre de sagesse. Aussi, la définition entretient-elle une imprécision préjudiciable voire une confusion dans la représentation si on veut comprendre la nature du philosopher.

      Le philosopher véritable se reconnaît au désir de vérité qui est la source féconde pour tout philosophe digne de ce nom, même si la vérité dont on parle ici demeure par nature inaccessible et par conséquent insaisissable. "La vérité est dans l'abîme" (Démocrite d'Abdère). Toute prétention à posséder la vérité ou à la saisir dans le cadre d'un système ou d'une idéologie particulière se trouve hors du champ philosophique en ce qu'elle manifeste une clôture ou un délire dogmatique dont l'implicite intention consiste à évincer le réel en imposant la tyrannie du sens et en imaginant par là une illusoire maîtrise sur les choses. Alors, comment comprendre cette vérité dont on parle ici ? Et que signifie ce désir très particulier ?

     Il est possible, me semble-t-il, de répondre de deux manières, soit en interrogeant la vérité, soit en  questionnant le désir (ce qui fera l'objet d'un autre article). 

     La première consiste à suivre la voie proposée par M. Conche, en partant de la vérité dont il est question pour le philosophe. Ce dernier "médite sous l'idée de vérité, en vue de tenir un discours vrai sur le réel dans son ensemble." Il faut ici entendre combien ce qu'on appelle le réel est une élaboration singulière, une création philosophique qui distingue les philosophes entre eux. Le réel de Platon n'est pas le même que celui d'Aristote ou de Kant et encore moins celui de Démocrite ou de Pyrrhon. Mais dans chaque cas, on trouvera, quelque part, dans un recoin souvent dissimulé de l'élaboration, une place laissée à un inconnaissable, à un principe dont la source est vacante, ce que l'auteur de l'Aléatoire appelle un "introuvable". Si toute pensée philosophique n'épuise pas la catégorie du réel, c'est que le fond obscur du philosopher s'enracine dans un "scepticisme inéluctable" qui rend possible une pluralité de philosopher. Il n'est pas de philosophe qui ne se heurte d'emblée au scepticisme. Il n'est pas de geste philosophique qui ne soit, de près ou de loin, lié à cette intuition majeure que la vérité n'est pas une chose mais un effort, un cheminement, un laborieux et difficile itinéraire que rien ne garantit jamais.

     A mieux y regarder, il n'est même pas évident que le criticisme kantien, le rationalisme cartésien, l'idéalisme hegelien puissent se reconnaître en tant que systèmes philosophiques sous cette définition conchienne du philosopher tant la croyance au sens, la place laissée à Dieu ou à l'Idée absolue, donc à des éléments appartenant au religieux et à la transcendance participent de leur élaboration du réel. Ce mixte, ce composé entre une dimension rationnelle, même remarquable, et cette croyance inconditionnelle au sens réduit la portée d'un philosopher véritable dégagé de toute illusion anthropocentrique. Force est de constater que sur ce point, tous les philosophes ne se valent pas. Le rapport originellement troué du philosophique au réel peut déclencher une irrépressible tentation chez certains de recoudre la faille et de la combler en identifiant la vérité éternelle à Dieu (Descartes) ou le réel à la Raison (Hegel). Autant dire que le rapport initial à l'intuition première n'est pas assumé de la même manière chez les uns et les autres. Les philosophes qui n'ont pas cherché à défaire le scepticisme ou à le surmonter, comme Montaigne, Nietzsche ou Rosset plus récemment, ont maintenu ce lien essentiel à l'énigme fondatrice qui rend possible et entretient un cheminement philosophique dans l'ouvert.

     De fait, se pose le problème de savoir ce qu'il y a de commun entre ces hommes dont on dit qu'ils sont philosophes et qui se contredisent sans cesse. C'est que, malgré leurs divergences - et elles sont nombreuses - ils philosophent "sans concession" selon le mot de Périclès et disent ce qui leur paraît vrai, "en cherchant la vérité tout entière" (Platon), non pas en accumulant des savoirs, mais en inspectant tout ce qui, dans le réel, ne va pas de soi et mérite d'être questionné. Cette exigence est de nature métaphysique car elle place le philosopher dans un rapport à une étrangeté primordiale, séparation primitive qui prive la pensée d'une part de son "dire", mais qui l'anime à partir d'une intuition première engageant chacun dans cette exigence. L'exigence de vérité a donc à voir avec le constat douloureux d'un divorce entre la pensée et le réel, d'une fracture qui laisse planer un doute sur la signification de toute chose et sa réduction à toute forme d'unité absolue. De ce divorce, de cet irréconciliable surgit la dynamique du philosopher. Et cela, tous l'ont en partage malgré leurs extrêmes divergences et leurs rapports plus ou moins contrariés à cet "introuvable" menacé de disparaître comme référent essentiel (réel) sous la fascination hypnotique exercée par l'Idée.

          Remarquons au passage que la multiplicité des réels philosophiques ne peut se comprendre que parce qu'aucun philosopher n'est en mesure d'annuler, de détruire ou de démontrer la fausseté d'une métaphysique adverse. Kant n'a pas envoyé Epicure aux oubliettes. Pascal n'a pas éradiqué le scepticisme de Montaigne. Nietzsche n'a pas, malgré ses efforts et ses arguments, balayé la métaphysique de Schopenhauer. Tous disent quelque chose du réel tel qu'il leur apparaît.

    Le paradoxe de la vérité du philosopher est qu'elle ne peut se déprendre du régime des apparences au sujet du réel. Comment l’exigence de vérité pourrait-elle seulement s’accommoder de ce qui apparaît à un sujet philosophant ? L’apparence ne constituerait-elle pas le point d’achoppement sur lequel bute constamment le désir de philosopher ? C’est là qu’il conviendra d’interroger ce désir tout à fait particulier.

A suivre

 

 

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Commentaires
O
Je me demande si devant de telles circonlocutions il ne faudrait pas utiliser le rasoir d'Occam et éliminer les éléments superflus. Ainsi je reste persuadé que l'objet de la philosophie n'est que le langage, et de préférence sa mise en abyme. Bref, le cerveau jouant avec lui-même. C'est à mes yeux comme un puzzle compliqué dans lequel on donne aux phonèmes des positions diverses et de surcroit interchangeables. Je ne suis pas très respectueux des formes, des styles et des jargons qui les accompagnent, parce que j'accorde de l'intérêt préférentiellement à ce qui montre une fécondité réelle, objective et vécue sur la vie des personnes réelles, objectives, et vivantes. Là est la faiblesse de la chose, la vérité, quelle qu'elle soit ne DOIT pas être l'affaire d'une élite !<br /> <br /> A quoi bon des spéculations mirifiques qui finalement se font au seul avantage de leur auteur et restent dans l'univers fermé de la spécialisation ? Je préfère de loin à toute cette matière bien grise de la philosophie la sagesse qui ouvre vers un bien vivre, et qui implique de savoir relativiser la valeur réelle du langage et de ses computations. C'est un outil commode, mais ça reste un outil. Pour jouer vraiment, il faut savoir le ranger dans un tiroir... Ceci aussi n'est qu'une opinion. Mais j'ai des amis profs de philo, pas des moindres, qui la partagent assez pour préférer en définitive l'algèbre, les matrices et la science, l'épistémologie, parce qu'ils ont le sentiment que ce faisant, ils gardent pied dans le réel. Le vrai drame de la pensée théorique, livresque, c'est qu'il arrive un moment où, comme pour un Yogi ou un fakir, celui qui a cédé à ses charmes perd - à jamais qui sait - la capacité...de pleurer.<br /> <br /> S'il vous plait je vous laisse sonder la profondeur de cette dernière remarque et évaluer ses conséquences.<br /> <br /> Cela dit je ne viens pas avec quelque désir d'être importun, mais ce sont ma curiosité et votre "j'ai failli devenir philosophe" qui m'ont fait penser que peut-être un dialogue pouvait s'instaurer SUR UN AUTRE PLAN entre nous. <br /> <br /> Vous savez, pour les ébouillantements, on a commencé dès la Rome antique, et ils sont toujours là. Bonsoir. :) Désolé pour le dérangement.
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D
Opsimathe,<br /> <br /> Vous ne comprenez manifestement pas ce dont il s'agit ici. Vous confondez le connaissable et le pensable, la vérité comme objet donné et la vérité comme exigence, la raison et le réel, le moyen et la fin, dogmatisme et scepticisme etc. <br /> <br /> Vous demeurez sous l'emprise du signifiant "philosophie" qui n'a à se décomplexer de rien du tout sauf pour ceux qui projettent dans cette idole leurs propres complexes. <br /> <br /> Hérétisme ? Allons bon ! Et pourquoi pas ébouillanter les mystiques pour vérifier la valeur de leur expérience ?
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O
Je me demande comment on peut chercher une vérité dont on postule d'emblée qu'elle est inconnaissable. C'est se proposer un non but. Mais si on postule un connaissable, qu'elles limites lui imposera t-on ? A partir de quel moment se dira t-on: "j'arrête ici, au-delà ce point point précis, je passerai du connaissable à l'inconnaissable ?" Quel philosophe - ou sage - peu importe à mes yeux a t-il brûlé ses livres jeté sa plume et allumé sa télé pour ne pas franchir tel seuil au-delà duquel<br /> <br /> il pensait mettre le pied hors...de la pensée ? Sur la base de quel critère définira t-on ce qui est du domaine du pensable et ce qui est du domaine de la vérité, réputée impensable ? Pourquoi croit-on apercevoir une rupture de continuité entre la pensée qui cherche et l'objet (je répugne à ce mot) qu'elle se donne ? La progression de la pensée est-elle brusquement interrompue par une (re) chute à même le sol sous l'effet d'une gravité du réel qui interdirait la continuation de l'élan ? Pourquoi ne pas plutôt voir l'influence de la vérité comme une infusion qui distillerait peu à peu dans son "amoureux" des possibilités renouvelées à chaque étape du fait de sa quête même, de son engagement à sa suite ?<br /> <br /> Le dogme, j"insiste, de l'inconnaissabilité de la vérité a le défaut de tous les dogmes: il fait du travail de gros. Ce rejet est MASSIF dans le sens où il me semble dénué de nuances, de tons intermédiaires, de finesse., et pour tout dire d'objectivité. jamsi un philosophe ne dira: " je connais la vérité". Là où le mystique s'écrira: " la vérité m'a trouvé". Dois-je instinctivement repousser dans les flammes de l'hérétisme ce fol qui ose tenir ce langage ?<br /> <br /> Je postule que la vérité philosophique n'est PAS la vérité du mystique, comme l'ombre n'est pas la chose, que la vérité du mystique n'est PAS la vérité du philosophe<br /> <br /> comme la chose n'est pas l'ombre. Et j'aime alors en conclusion qu'on affine les définitions de sorte que l'on sache exactement de quoi l'on parle. On parle pour le philosophe d'une vérité de RAISON, explicable, verbalisable, conceptualisable. ou pour le mystique d'une vérité indicible, informulable, ineffable, d'une absolue altérité.<br /> <br /> Alors dans cette optique, je confirmerais que oui, en effet, pour le philosophe la vérité<br /> <br /> demeure insaisissable. C'est honnête de le dire. Mais rien ne démontre nulle part que l'outil adapté à la saisie de la vérité soit un organe: le cerveau, tributaire des limitations de la dualité, de la temporalité, de la culture, de l'éruditionn, de l'éducation. n'est-il pas notable d'un horizon des mondes spirituels à l'autre, TOUTES les sagesses affirmant une transcendance insistent, chacune à leur manière au nécessaire renoncement du recours à la raison, pour accéder à la RAISON suprême, en quelque sorte ?<br /> <br /> Alors entendons-nous bien: il est dans la logique même de la philosophie comme praxis, en tant que praxis de poser l'inconnaissabilité de la vérité, au sens de compréhension conclusive. C'est parfaitement raisonnable, compte tenu de la méthode employée. Méthode - "meta-hodos" - aller au delà. Cette étymologie contient peut-être la clé qui permettrait de décomplexer la philosophie dans sa relation avec la vérité...<br /> <br /> Désolé pour le pavé, bonsoir. opsimathe
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C
Oui, cher Démocrite, mais ça n'est jamais exactement la même chose qui se répète. Et si ce n'est jamais EXACTEMENT la même chose qui se répète, alors rien ne se répète jamais ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Déroutez-vous bien.
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D
Le temps passe et certains scénarii se répètent inlassablement. Roue du Karma, peut-être, Mektoub comme disent les Arabes, éternel recommencement...qu'importe.<br /> <br /> Libre à vous de considérer qu'exister et philosopher sont une seule et même chose. <br /> <br /> Portez-vous bien
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C
Décidément, vraiment brouillon mon commentaire précédent : "...pour AVOIR ainsi contribué..."<br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez raison, votre texte porte sur le 'philosopher', mais au premier paragraphe vous évoquez la sagesse et notamment sous la forme de cette parenthèse qui m'a interpellé : "(si toute fois la sagesse se possède)". Mais, j'attendrai que vous abordiez éventuellement cette question de la sagesse pour y revenir.<br /> <br /> <br /> <br /> Quant au "philosopher", je suis à deux doigts d'en dire la même chose que ce que j'ai dit de la sagesse dans mon commentaire précédent. Et si ce mot n'était que du vent ?<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi je dis cela ? Parce qu'à mon sens aucun être humain n'est davantage dans le "philosopher" qu'un autre. Les humains voient différemment le monde, se posent différemment les questions, ont différemment conscience de ce qu'est la vie et l'existence, ces différences existent évidemment, mais le "philosopher" est le même en chacun, la nature est la même. J'appelle cela simplement : Être en vie, Exister. <br /> <br /> <br /> <br /> Aucun effort à fournir pour être dans le "philosopher", c'est là d'emblée, pour tout un chacun, sans choix, sans effort, sans volonté. <br /> <br /> <br /> <br /> Bref, je n'ai pas besoin de ce mot "philosopher" puisque pour moi il est simplement le synonyme d'"Exister". Tout être humain pense. C'est la nature même de l'être humain que d'interroger. Tout le monde n'a pas les mêmes aptitudes ou qualités ou largeurs de vue, mais tout le monde est dans le même bain.<br /> <br /> <br /> <br /> Je vous ai écrit que j'étais à deux doigts, et bien pourquoi ne pas y aller gaiement : un "philosophe" ça n'existe pas, il n'y a que des êtres humains qui vivent, souffrent, rient, se posent des questions. La philosophie ça n'existe pas. Comme ça c'est dit. Pas plus que la sagesse ou que dieu.<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà ! :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Je vous assure, ça libère. Nous sommes des hommes, cher Démocrite, pas des philosophes, des sages ou des boulangers.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien à vous.
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D
Cher Cédric,<br /> <br /> Comme toujours, vous avez l'art de nous entraîner sur des contrées passionnantes, mais sans rapport direct avec le texte initial ; texte qui ne porte pas sur la sagesse mais sur le philosopher.<br /> <br /> Peut-être aborderai-je plus tard cette question-là mais pour l'heure, c'est la "nature" du philosopher qui anime cette réflexion.<br /> <br /> Bien à vous.
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C
Permettez-moi de vous poser une question : pour vous, qu'est-ce que la sagesse ? <br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez écrit "c'est l'art de bien vivre", c'est à cela que j'ai réagi en demandant "qu'est ce que "bien" vivre ? et surtout QUI dit ce qui est "bien" ou pas?"<br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite vous m'écrivez "nul ne dit ici ce qui est bien". Donc je ne comprends rien à votre définition de la sagesse, si personne ne dit ce qu'est "bien vivre", alors "c'est l'art de bien vivre", ça ne veut rien dire. <br /> <br /> <br /> <br /> Une chose existerait-elle qui s'appellerait "la sagesse" ?<br /> <br /> <br /> <br /> Je remets en question l'existence même de ce qui est appelé "la sagesse". Oui, je sais je n'y vais pas avec le dos de la cuiller, vous me connaissez ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> La sagesse, ça n'existe pas. C'est une chimère, une illusion, un mot qui circule de cerveau en cerveau mais qui ne recouvre aucune réalité. L'être humain existe. Point. Par le corps, oui. Si la "sagesse" c'est le corps vivant, alors tout le monde est sage.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous dites que "ce n'est pas dans les mots que le sage est sage", mais il l'est où alors ? Bref, j'en reviens à ma question initiale : pour vous, c'est quoi la sagesse ?<br /> <br /> <br /> <br /> Pour moi le mot "sagesse" c'est comme le mot "Dieu", je n'en ai pas besoin, mais je veux bien en discuter si l'autre me définit ce que pour lui veut dire "dieu" ou "la sagesse". Si mon interlocuteur me dit "Dieu pour moi c'est la nature", alors je peux répondre : "oui Dieu existe". A vous de me dire ce que vous entendez par "sagesse", parce que pour moi, a priori (même si j'ai parlé, un peu trop rapidement dans mon commentaire précédent de "détachement") ça ne recouvre aucune réalité. <br /> <br /> <br /> <br /> Un dialogue ne pourra être possible que si on s'entend sur les mots. Il y a plein d'acception possible au mot sagesse. Voilà à mon sens un mot qu'on utilise à droite à gauche, à tort et à travers, et qui ne recouvre en réalité rien.<br /> <br /> <br /> <br /> Et puis qu'entendez-vous par "antéprédicative" ? <br /> <br /> <br /> <br /> Désolé de faire si long et si redondant.<br /> <br /> <br /> <br /> La raison de la non-clarté de ce commentaire, c'est que je prends conscience ici par notre court échange que "sagesse" est un mot creux, aussi creux que le mot "dieu". Cela explique le côté brouillon de ce commentaire.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je tiens déjà à vous remercier pour avec ainsi contribué à me dessiller les yeux sur ce mot "Sagesse". :-)
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M
Voilà un texte très intéressant, cher Démocrite, que je lis à la lumière des propos tenus tantôt par Marcel Conche dans notre belle cité béarnaise. Cet homme qui a dédié toute sa vie au mode propre du philosopher, qu’il définit non pas comme la recherche du bonheur mais comme la recherche de la vérité sans révélation, avec son corollaire nécessaire l’atteinte d’une morale à portée universelle, m’a littéralement séduite. Pour autant, définir l’essence du philosopher soulève une difficulté redoutable. En effet, il s’agirait au fond de pouvoir s’extraire d’une part de tous les « ismes » ou artefacts mais aussi de nous déprendre, et peut-être est-cela une conséquence du premier item pour la plupart des philosophes, de son propre système symbolique. (Exemple : Le Dieu de Descartes)<br /> <br /> Sommes nous seulement capables d’observer la nature et « d’éprouver pour la première fois la liberté de la raison devant les choses. » exempt des sortilèges de l’éducation. L’homme sort de son monde parce qu’il décide de juger et de qualifier ce qu’il voit, un lourd tribut en vérité.. Le "là" de cet être singulier : le Dasein, ne pourrait-il pas coïncider d'un seul tenant avec ce mouvement, cette ouverture de soi au monde- du monde à soi aussi ?
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D
Nulle part ici il a été question de se fondre dans les mots d'un autre, fut-il sage, philosophe ou boulanger ou les trois à la fois. Ce n'est pas dans les mots que le sage est sage, pas dans le discours et pas non plus dans la communication. <br /> <br /> Il ne s'agit pas ici de dire mais de vivre, pas de pensée mais de corps (la pensée n'étant qu'une production seconde et somme toute assez appauvrie), pas de communiquer mais d'expérimenter. Nul ne dit ici ce qui est bien. La sagesse se passe de mots comme le bien vivre qui ne s'oppose pas au mal vivre; elle est antéprédicative et ne se proclame pas.<br /> <br /> Amicalement
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