Penser la Nature
"Penser la Nature n'est ni la connaître ni la comprendre, mais l'appréhender plutôt comme inconnaissable et incompréhensible - parce qu'infinie." (IV)
"La Nature est pour moi la totalité des choses. Il n'y a pas de surnaturel. C'est, à mes yeux, une évidence. Mais ce n'est pas une évidence naïve : c'est une évidence qui suppose un long parcours, une évidence advenue. De ce qui est pour moi la vérité, je ne puis faire la preuve de manière à convaincre autrui. C'est pourquoi je me dis "sceptique", mais c'est un scepticisme à l'intention d'autrui. Il ne signifie pas que j'aie le moindre doute quant au bien fondé de ma position métaphysique, mais seulement que, de ce qui est pour moi la vérité, je renonce à faire la preuve pour les autres, et cela non par incapacité à trouver une telle preuve, mais parce que, par principe, dans le domaine de la métaphysique - dont l'objet est la totalité des choses en tant que Totalité - il ne saurait y avoir de preuves. En d'autres termes, je ne doute pas en fait ; mais j'admets qu'en droit, le doute est permis et le sera toujours. Il appartient au philosophe d'être absolument fidèle à lui-même et de développer son propre regard ; et nul ne peut contester le regard de l'autre."
Marcel CONCHE - Présence de la Nature (V)