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DEMOCRITE, atomiste dérouté
2 juillet 2014

Métaphysique du pire

 

             

 

      " D'une manière générale, nous ne nions pas la possibilité

d'une métaphysique du meilleur, de diverses sortes de métaphysiques

du meilleur, ou d'espèces intermédiaires : simplement, la nôtre

est une métaphysique du pire.

C'est en elle seulement que notre sensibilité et notre raison

trouvent leur satisfaction. "Métaphysique du pire" ne signifie

d'ailleurs nullement impossibilité du bonheur ou de la joie.

Car la joie peut parfaitement être une réponse à la condition

humaine vue sous l'angle du pire : non certes n'importe

quelle joie, ni aucune joie quelconque, mais la joie tragique

- la joie du héros.

C'est cette joie que nous souhaitons et pour nous-mêmes

et pour ceux qui nous sont apparentés."

 

       Marcel Conche,  Temps et destin (Avant-propos)

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Commentaires
D
Merci chère Sibylle pour ce commentaire bien senti. Comment rire du tragique humain ? Comment éprouver une joie au milieu du chaos et de la grande déflagration annoncée qui est celle de notre disparition comme de celle de nos proches ? Le rire démocritéen concerne plus l'affairement des hommes et leur habileté à pratiquer l'oubli que l'expérience directe du tragique. Il est plus aisé de rire des autres que de rire de sa propre tragédie. La joie tragique la plus haute a été abordée avec le plus d'intensité par Clément Rosset dans La Force majeure. A lire absolument.<br /> <br /> J'y reviendrai.<br /> <br /> Merci à vous.
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D
L'approche métaphysique de Conche ne constitue en rien un système et surtout pas un dogme. On se heurte ici au langage. Comment dire sans réifier ce qu'on cherche à signifier ? La métaphysique du pire ne sauve de rien et surtout pas du chaos ou du tragique qui est le fond de l'existence humaine. Aussi, le terme "métaphysique" doit-il ici être compris comme pensée du "tout de la réalité" et non comme religion du sens. La rhétorique ne vise donc nullement à séduire le lecteur, à le persuader de quoi que ce soit mais à faire signe vers l'insignifiance du monde. <br /> <br /> Votre méfiance est légitime, Michel. Partons de l'expérience et mettons à l'épreuve ce que nous disent les philosophes.
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S
Je n’ai pas lu l’ouvrage de ce cher « vieil homme » plein de sagesse ? <br /> <br /> Toutefois, ce que je perçois comme cela à la volée, c’est que la joie véritable ne peut s’entendre qu’à l’aune de l’extrême fugacité et fragilité liées à toute existence. Il existe une forme de lucidité terrifiante et à la fois bien réelle à l’égard de « notre passage » plus ou moins bref ici et là. La joie tragique pour ma part se jouerait sur deux strates : la première serait celle qui s’immisce dans ces instants de vie avec une acuité tout à fait singulière, parfois même aigüe dont on pressent le caractère nécessairement éphémère ; l’autre serait celle du héros et du héraut aussi, qui ouvriraient la brèche sur une temporalité autre que linéaire de la naissance et de la mort. <br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être s’agirait-il au fond de l’action d’un esprit « guerrier et rieur » qui refuserait obstinément de croire aux signes du destin, qui serait à lui-même son propre oracle. Si j’osais, la joie tragique serait celle d’un rire démocritéen qui après tant de siècles, résonne encore sur certaines ondes numériques. <br /> <br /> <br /> <br /> Il me semble me souvenir que ce cher Hippocrate de surprise et d'admiration pour Démocrite, s'aperçut que, pour être véritablement philosophe, il fallait se convaincre en détail qu'il n'y a presque dans le monde, que des fous et des enfants. <br /> <br /> Fulgurante lucidité : j'approuve, le ridicule ne tue pas n’est-ce pas, alors permettez-moi de rire car tout cela est tellement tragique.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien à vous
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M
Le pire?Ca attire toujours(nature humaine si elle existe..).<br /> <br /> Je me rappelle d'une discussion entre Marcel Conche et Alain Connes(un mathématicien) dans une émission littéraire d'Elkabbach.Il assénait des propos qui faisait sourire son interlocuteur.<br /> <br /> Je me méfie toujours de ceux qui portent trop la métaphysique autour du coup ou du bout des lèvres(difficile de ne pas penser à Heidegger:"Grosse vache ruminante"(Thomas Bernhard)).Aucune critique dans mes propos.Surtout que je n'ai pas lu l'ouvrage dont vous parlez mais je ne lis que difficilement aujourd'hui les philosophes (un peu comme votre ami Schiffter).<br /> <br /> Ils peuvent parler de tout( avec une rhétorique parfaite ou singulière) mais trop souvent comme des entomologistes..<br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> <br /> <br /> ps:Un incarné:http://www.youtube.com/watch?v=n32RO_wnXQc
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